A partir d’une sélection d’articles dans les journaux turcs le Courrier International a fait un synthèse sur l’actualité des relations entre Erevan et Ankara.
Selon la presse turque, même si l’Arménie est un petit acteur sur l’échiquier régional, les négociations en cours à Moscou en vue d’un éventuel rétablissement des liens diplomatiques entre Ankara et Erevan revêtent des avantages sur le plan local et géopolitique.Vendredi 14 janvier, à Moscou, la Turquie et l’Arménie ont entamé un cycle de pourparlers destinés à normaliser leurs relations diplomatiques. En 2009 déjà, un rapprochement et des négociations avaient eu lieu entre les deux pays historiquement ennemis, mais elles avaient fini par achopper, en raison des pressions exercées par l’Azerbaïdjan sur Ankara.
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“La victoire azérie [à la suite de la guerre de septembre-novembre 2020] et le rattachement de la province du Karabakh à l’Azerbaïdjan ont réglé ce problème, ouvrant la voie à une normalisation des relations”, estime le quotidien turc progouvernemental Sabah. “On constate toutefois que le lobby arménien ne cesse pas ses attaques contre la Turquie”, regrette le journal. Et l’éditorialiste de préciser :
Même si l’Arménie n’est pas un voisin indispensable à la Turquie, il ne servirait à rien, par une attitude de rejet trop ferme, de pousser davantage les Arméniens dans les bras des Russes et des Iraniens.”
Enjeux politiques et économiques
D’autres titres soulignent non seulement l’importance de la géopolitique régionale, mais aussi les enjeux politiques nationaux : “Le fait que ces négociations aient lieu à Moscou montrent bien que la Russie est loin d’être hors jeu dans la région”, analyse le rédacteur en chef du média en ligne Ahval. “La fin du boycott économique, le rétablissement des liaisons aériennes et peut-être l’ouverture des frontières entre les deux pays sont des points positifs”, ajoute-t-il, alors que la Turquie est en proie à une forte crise économique.
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Mais la mémoire du génocide qui fit un million et demi de morts parmi les Arméniens de Turquie (1915-1923) est encore à vif et représente un obstacle majeur au rapprochement des deux pays. Le Premier ministre arménien Karol “Pachinian a récemment déclaré qu’il ne considérait pas la reconnaissance du ‘génocide’ comme un préalable à l’ouverture de négociations, ce qui est une avancée positive”, se réjouit néanmoins le quotidien Milliyet.
Risque d’une nouvelle guerre ?
Le 19 janvier devra par ailleurs se tenir à Istanbul une commémoration des quinze ans de l’assassinat de Hrant Dink, journaliste et intellectuel arménien de Turquie abattu par un ultranationaliste devant le journal bilingue turco-arménien Agos, rappelle le média en ligne Bianet.
Mais pour le rédacteur en chef d’Ahval, une éventuelle normalisation entre les deux pays ne suffira pas “à écarter totalement le risque d’une nouvelle guerre, surtout qu’Erdogan, pour assurer sa réélection lors des élections de 2023, pourrait être tenté par une aventure militaire dans la région”.