RFI, 1 juillet 2021, Anne Andlauer et France 24
C’est officiel depuis ce 1er juillet : la Turquie ne reconnaît plus la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes, la désormais bien mal nommée Convention d’Istanbul. Le pays s’en est retiré sur décret de son président, Recep Tayyip Erdogan. À travers la Turquie, les organisations féministes avaient appelé à manifester. À Istanbul, environ un millier de personnes ont répondu à l’appel.
Partout du violet. Des affiches, des masques, des foulards, des sifflets violets… Et puis des drapeaux arc-en-ciel, puisque le gouvernement turc a justifié le retrait de la Convention d’Istanbul par sa lutte contre la « normalisation de l’homosexualité ».
Birey, lesbienne, dit se sentir en danger : « Le fait que le retrait ait été justifié comme ça, c’est terrible pour nous. Je n’en peux plus de toute cette haine que je ressens quand je marche dans la rue avec ma petite amie. Si je peux faire quoi que ce soit pour lutter contre ça, bien sûr que je vais manifester. »
Des craintes pour l’avenir
Beyza, jeune femme aux cheveux roses, redoute que le retrait de la Convention d’Istanbul ne soit qu’une première étape. « Aujourd’hui ils dénoncent la Convention d’Istanbul, demain ils abrogeront la loi 6284, la loi de prévention de la violence à l’égard des femmes, craint-elle. Nous vivons dans un pays totalement imprévisible. Le moindre de nos droits peut se retrouver en danger demain. »
Quelques heures plus tôt, le président Recep Tayyip Erdogan avait dévoilé un « plan d’action contre les violences faites aux femmes ». Leyla, la cinquantaine, n’en croit pas un mot : « Il n’y a aucune amélioration à attendre d’un pouvoir qui met en danger la vie des femmes pour faire plaisir à des confréries religieuses réactionnaires. C’est aussi simple que ça pour nous. »
Depuis le début de l’année, au moins 189 femmes ont été assassinées en Turquie.