Alors que les électeurs se préparent à se rendre aux urnes le 14 mai pour une élection décisive pour l’avenir du pays mais aussi sur le plan international, les instituts de sondage livrent leurs derniers pronostics. Par Courrier International du 13 mai 2023.
L’annonce, jeudi 11 mai, par le candidat indépendant d’opposition Muharrem Ince (candidat populiste et kémaliste) du retrait de sa candidature nourrit les espoirs de l’opposition turque d’emporter l’élection présidentielle dès le premier tour.
“Si nous ne nous retirons pas, ils rejetteront tout le poids d’une défaite sur nous”, s’est justifié Muharrem Ince, rapporte le quotidien économique Dünya.
Il avait été, en 2018, le candidat du principal parti d’opposition, le CHP, face à Erdogan. Battu au premier tour, il avait ensuite été chassé du parti et avait créé sa propre formation politique. S’il n’a pas directement appelé à voter pour l’opposition, à qui il reproche de l’avoir “calomnié quotidiennement”, le retrait de sa candidature devrait bénéficier à la principale coalition d’opposition et à son candidat, Kemal Kiliçdaroglu.
Estimées autour de 6 à 7 % au début de la campagne, les intentions de vote en sa faveur avaient diminué progressivement, pour atteindre environ 2,5 %. Il reste désormais un autre candidat indépendant, Sinan Ogan, à la tête d’une petite coalition d’extrême droite créditée de 4 à 5 % des intentions de vote, mais qui pourrait bénéficier du retrait de M. Ince.
Kiliçdaroglu donné gagnant par la majorité des sondages
Avant même que Muharrem Ince n’abandonne la course, certains sondages donnaient la “Coalition du peuple” et son candidat, Kemal Kiliçdaroglu, vainqueurs au premier tour.
Considéré comme fiable, l’institut de sondage MAK le donnait ainsi récemment vainqueur de justesse au premier tour avec 50,9 % des intentions de vote, rapporte le média en ligne d’opposition Diken.
Une victoire au premier tour est espérée par l’opposition, qui se dit inquiète de la tension, des manipulations électorales et des violences qui pourraient émailler un éventuel entre-deux-tours.
Souvent désigné comme le plus fiable des instituts de sondage turcs, Konda estime quant à lui, à la suite d’une enquête réalisée les 6 et 7 mai, que le candidat de l’opposition devrait se trouver en tête avec 49,3 % des voix, sans pour autant l’emporter au premier tour face au président Erdogan, crédité de 43,7 % des voix. Konda, comme la majorité de ses confrères, considère que l’opposition devrait toutefois l’emporter à l’issue du second tour, le 28 mai.
Réputé pour sa proximité avec le pouvoir et son manque de fiabilité, l’institut Sonar, lui, ne donne pas pour autant le président turc vainqueur au premier tour, même s’il lui attribue une avance sur son adversaire, avec 48,8 % des voix, contre 44,1 %.