« La Turquie a lancé dimanche une série de raids aériens contre les positions de milices kurdes dans le nord de l’Irak et de la Syrie, suivis depuis par des tirs d’artillerie soutenus, et promet une opération au sol » rapporte Le Monde avec AFP du 23 novembre 2022.
Un combattant kurde a été tué et trois autres ont été blessés, mercredi 23 novembre, dans un bombardement turc mené à l’aide d’un drone sur une base russe du nord-est de la Syrie, a annoncé un responsable des forces kurdes, cité par l’Agence France-Presse (AFP).
Les victimes sont des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dont les miliciens kurdes sont la principale composante et qui dispose d’une position sur la base russe située dans la province d’Hasaké, a-t-il précisé. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), organisation non gouvernementale établie au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs sur place, un soldat russe a également été blessé. Moscou n’a, pour le moment, pas réagi à ces informations.
Mardi, un bombardement turc avait coûté la vie à deux miliciens kurdes sur une base conjointe de leur mouvement et de la coalition internationale formée par les Etats-Unis pour combattre les djihadistes de l’Etat islamique.
La Turquie « plus déterminée que jamais »
Ankara a lancé dimanche l’opération « Griffe armée », une série de raids aériens dans le nord de l’Irak et de la Syrie, suivis depuis par des tirs d’artillerie soutenus contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG). La Turquie leur a imputé l’attentat qui a fait six morts et 81 blessés le 13 novembre à Istanbul et menace de lancer une opération terrestre dans le nord de la Syrie. L’armée turque dit avoir bombardé 471 objectifs à ce jour.
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La Turquie est « plus déterminée que jamais » à protéger sa frontière avec la Syrie des combattants kurdes, a répété mercredi le président, Recep Tayyip Erdogan. « Notre opération avec nos avions, nos canons et nos drones n’est qu’un début. Notre détermination à protéger toutes nos frontières sud (…) par une zone de sécurité est plus forte aujourd’hui que jamais. Nous allons poursuivre nos opérations aériennes sans interruption et nous entrerons sur le terrain des terroristes au moment qui nous semblera opportun », a-t-il lancé à l’Assemblée. Le chef de l’Etat avait assuré, lundi, qu’il n’était « pas question » que l’opération lancée dimanche se limite à une dimension aérienne.
Les FDS prêtes à l’affrontement
Ses menaces répétées inquiètent Washington et Moscou, tous deux impliqués dans la guerre en Syrie, qui ont lancé des appels à la retenue. Les Etats-Unis soutiennent les YPG dans la lutte contre les djihadistes, tandis que la Russie fournit un appui militaire aux forces syriennes depuis 2015. Des soldats russes ont par ailleurs été déployés fin 2019 dans le Nord-Est, en vertu d’un accord conclu avec la Turquie pour créer une zone tampon.
Entre 2016 et 2019, la Turquie, qui veut créer une « zone de sécurité » de 30 kilomètres de large le long de sa frontière sud, a mené trois opérations d’envergure dans le nord de la Syrie contre les milices et organisations kurdes.
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Le commandant des FDS a assuré que ses hommes étaient en mesure de repousser une nouvelle offensive, à laquelle ils se préparent depuis celle de 2019. « Nous pensons que nous avons atteint un niveau où nous pouvons déjouer toute nouvelle attaque. Au moins, les Turcs ne pourront pas occuper plus de nos régions et il y aura une grande bataille. Si la Turquie attaque une région, la guerre s’étendra à toutes les autres… et tout le monde en souffrira », a averti Mazloum Abdi.
Le Monde avec AFP, 23 novembre 2022