La semaine dernière, une avocate turque, Feyza Altun, a été placée en garde à vue pour avoir publié une réponse sur X en des termes insultant la charia. Deux mots considérés de trop, qui, après que cette dernière a été libérée sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire, lui font encourir aujourd’hui une peine allant jusqu’à 3 ans de prison.
Le Petit Journal, le 26 février 2024
Feyza Altun avait rapidement supprimé son post après un déferlement de réactions. L’agence de presse gouvernementale Anadolu a rapporté que le parquet général de Beykoz à Istanbul a ouvert une procédure au titre de l’article 216-1 du code pénal turc, qui punit d’une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison toute personne qui incite publiquement à la haine ou à l’hostilité sur des questions concernant notamment la religion.
Dans l’acte d’accusation, il est indiqué que, selon l’Association de la langue turque (Türk Dil Kurumuna – TDK), la charia est définie comme « la loi islamique basée sur les versets du Coran et les paroles du prophète Mohammed ».
Il a été souligné dans cette perspective que des milliers d’utilisateurs ont été heurtés par son commentaire, le considérant comme une grave atteinte à leurs valeurs religieuses générant ainsi un danger pour la sécurité publique.
Le président Recep Tayyip Erdoğan lui-même, a récemment considéré que « l’hostilité contre la charia est une hostilité envers l’islam ».
La Présidence des Affaires religieuses (Diyanet İşleri Başkanlığı) a quant à elle déposé une plainte pénale contre Feyza Altun, au motif qu’elle a outrepassé les limites de la moralité et de la décence, attaqué ouvertement les droits de l’homme et insulté les croyances et les valeurs religieuses.
Feyza Altun est notamment connue pour son militantisme pour le droit des femmes et dispose d’une très large audience sur les réseaux sociaux.
Si elle a admis avoir publié le message en question, elle a également déclaré que, selon elle, la charia n’est pas une religion, mais un régime politique et qu’en conséquence, son message n’a pas insulté une croyance religieuse.