Alors que la Turquie s’apprête à commémorer le premier anniversaire du séisme du 6 février 2023 – qui a tué plus de 53 500 personnes dans le sud-est du pays –, une polémique enfle autour de propos prononcés ce week-end par le président Recep Tayyip Erdogan.
En visite samedi à Hatay, la ville la plus touchée par le séisme de février 2023, Recep Tayyip Erdogan a remis les clés de 7 000 logements neufs à des victimes de la catastrophe. Mais il en a aussi profité pour faire campagne pour les élections locales du 31 mars, en laissant entendre que la ville aurait reçu davantage d’aides si elle n’avait pas été dirigée par l’opposition. « Je dois vous dire une vérité : si le gouvernement central et un gouvernement local ne travaillent pas main dans la main, alors rien ne peut parvenir jusqu’à cette ville. Est-ce que Hatay a reçu quelque chose ? Hatay est restée seule », a lâché le président.
À la veille des commémorations du séisme dévastateur, et à moins de deux mois des élections municipales, les mots qui ne passent pas chez une partie des Turcs. D’autant que Recep Tayyip Erdogan les a prononcés juste après avoir appelé les habitants de Hatay, la province la plus meurtrie, à voter pour le candidat de son parti et non pour le maire sortant, un élu de l’opposition.
Özgür Özel, dirigeant du CHP, le principal parti d’opposition à la tête de la mairie de Hatay, a accusé le chef de l’Etat de menacer les électeurs. « Il fait du chantage politique pour réclamer des voix ! Les électeurs de Hatay, de tous bords politiques, lui donneront la meilleure des réponses le 31 mars, promet-il. Peut-on faire de la politique avec le séisme ? Peut-on menacer des rescapés du séisme ? Leur faire du chantage ? Peut-on avoir aussi peu de conscience morale ? Non, cet homme n’a pas de cœur ! Il a une pierre à la place du cœur ! »
Le CHP est lui-même critiqué pour avoir choisi de présenter aux élections à Hatay son maire sortant, Lütfü Savas, sans tenir compte de son rôle éventuel dans l’ampleur de la catastrophe.