Plus de trente personnes ont été inculpées et écrouées cette semaine en Turquie pour avoir protesté contre la destitution de trois maires pro-kurdes du sud-est du pays accusés de « terrorisme », a annoncé, ce dimanche 10 novembre, le ministère turc de l’Intérieur.
RFI avec AFP, le 10 novembre 2024
En Turquie, plus de 250 personnes ont été interpellées au total depuis lundi pour avoir participé à des manifestations illégales et avoir pris pour cible des membres des forces de sécurité. Trente-trois d’entre elles ont été inculpées et écrouées, 37 placées sous contrôle judiciaire et trois autres assignées à résidence, a détaillé le ministère de l’Intérieur.
Un journaliste du site d’information 10Haber a également été placé en détention provisoire ce samedi 9 novembre au soir pour une série de publications sur la destitution, la semaine dernière, d’un maire d’arrondissement d’Istanbul, lui aussi accusé par les autorités de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a indiqué son avocat.
Colère et condamnations
Le remplacement, lundi, par des administrateurs nommés par l’État de trois maires pro-kurdes, dont ceux des grandes villes de Mardin et de Batman, a suscité la colère d’habitants et des condamnations du Conseil de l’Europe et d’organisations de défense des droits humains. Les trois élus déchus sont membres du DEM, principal parti prokurde et troisième force au Parlement turc.
Les autorités avaient aussitôt interdit tout rassemblement dans plusieurs provinces du sud-est à majorité kurde du pays pour tenter d’étouffer la fronde. Des images tournées en milieu de semaine à Batman ont toutefois montré des policiers visés par des tirs de mortier d’artifice disperser des manifestants à l’aide de blindés surmontés de canons à eau. Le PKK, groupe qualifié de « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux, livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984, un conflit qui a fait plus de 40 000 morts.
À lire aussiTurquie: trois maires pro-kurdes accusés de «terrorisme» démis de leurs fonctions