A l’approche des élections de 2013 la répression sur l’opposition s’accroît en Turquie. Pour un oui ou pour un non sont lancées des accusations d' »insulte au chef de l’Etat ou de « propagande terroriste » aux membres de l’opposition. A ce train s’exprimer publiquement pour les membres des partis non gouvernementaux devient problématiques dans un univers domestique où 80% des médias sont contrôlés par les proches du président.
Dans ce contexte « un tribunal d’Istanbul a condamné jeudi 12 mai une responsable stambouliote du Parti républicain du peuple (CHP), la principale formation de l’opposition turque, à une peine de quatre ans et onze mois de prison, a indiqué à l’AFP un responsable du parti » rapporte Le Figaro du 12 mai 2022.
L’opposante au président Recep Tayyip Erdogan, Canan Kaftancioglu, avait été condamnée en première instance en septembre 2019 à près de dix ans de prison, notamment pour «propagande terroriste» et «insulte au chef de l’État».
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Tweets et manifestations antigouvernementales
Il n’a pas été immédiatement précisé si elle devait être aussitôt incarcérée. La responsable du CHP à Istanbul, âgée de 50 ans, a été laissée libre pendant la durée des procédures en appel. Canan Kaftancioglu avait annoncé se pourvoir en cassation en juin 2020, après que sa peine de prison avait été confirmée en appel.
Le chef du parti, Kemal Kilicdaroglu, a aussitôt appelé jeudi les 135 députés du CHP, la deuxième formation représentée au parlement après l’AKP du président Recep Tayyip Erdogan, à se retrouver au siège de la présidence provinciale du parti à Istanbul. Canan Kaftancioglu a été condamnée sur la base de tweets publiés entre 2012 et 2017, en lien notamment avec de grandes manifestations antigouvernementales en 2013, dites «mouvement de Gezi», et la tentative de putsch de juillet 2016.
«Procès politique»
Elle n’a eu de cesse de dénoncer un «procès politique» visant, selon elle et ses partisans, à la punir pour son rôle dans la victoire de l’opposition aux municipales à Istanbul en 2019.
Canan Kaftancioglu est en effet présentée comme l’architecte des campagnes victorieuses d’Ekrem Imamoglu, candidat du CHP qui a battu le candidat de Recep Tayyip Erdogan à Istanbul à deux reprises, après l’annulation d’un premier scrutin dans des conditions controversées. Cette décision intervient moins d’un mois après la condamnation du mécène Osman Kavala, devenu la bête noire du régime emprisonné depuis 2017, à une peine de prison à vie incompressible.
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L’homme d’affaires et philanthrope a été accusé d’avoir tenté de renverser le gouvernement, ce qu’il a toujours nié. Sept autres personnes – avocats, documentaristes, urbanistes ou architectes, qui comparaissaient en même temps, ont été condamnées à 18 ans de réclusion, accusées de lui avoir apporté leur soutien bien qu’elles aient toujours récusé le moindre lien avec lui.
Le Figaro, 12 mai 2022