Le 30 décembre 2022, en plein jour, l’universitaire et ancien chef des Loups gris Sinan Ates s’écroulait après avoir été atteint de cinq balles tirées à bout portant, dans une rue d’Ankara. Sa veuve, Ayse Ates et les partis d’opposition, dénoncent un règlement de compte interne, un assassinat politique impliquant le parti d’Action nationaliste du MHP, allié de l’AKP au sein de la coalition progouvernementale.
RFI, le 2 juillet 2024, par Céline Pierre-Magnani
Rares sont les images de dialogue entre des membres de l’extrême droite et le principal parti d’opposition.
Mais c’est bien Özgür Özel, le leader du parti kémaliste du CHP qui était aux côtés de la veuve de Sinan Ates, pour la première audience du procès. Devant les portes de la prison de Sincan, il dénonce un chef d’accusation lacunaire qui épargne les véritables commanditaires du meurtre.
Craintes de manipulations politiques
« Nous connaissons le meurtrier. Nous avons le nom des quelques personnes les moins connues qui ont commandité ce meurtre. Mais le chef d’accusation ne va pas chercher de ces côtés-là, il ne va pas plus loin. Nous assistons à un procès dont le chef d’accusation est à moitié fait, incomplet », indique Özgür Özel.
Le procès de Sinan Ates constitue également un examen pour l’appareil de justice du pays. Les changements de procureurs qui ont ponctué le cours de l’enquête laissent craindre des manipulations politiques en interne.
Bien qu’il ait reçu la veuve de Sinan Ates, le président Recep Tayyip Erdogan est resté relativement discret sur la question, une attitude interprétée comme une prise de distance avec son allié du MHP. Le verdict du procès pourrait venir déstabiliser la coalition gouvernementale.