Depuis la victoire du président Erdogan et de son parti l’AKP aux dernières élections, la frange la plus conservatrice de la société turque se sent pousser des ailes. Le sport et la culture font les frais d’une moralisation très revendicative.
Le 8 Novembre 2023, France Culture. Pour écouter, cliquer ici.
C’était en septembre… L’équipe féminine turque de volley-ball est entrée dans l’histoire en gagnant à la fois le championnat d’Europe et la coupe du monde. Istanbul et les grandes villes lui font la fête. Le pays aurait pu s’unir autour de l’exploit de ses Sultanes. C’est ainsi que les Turcs les surnomment, les Sultanes du Filet. Mais une fraction de la société s’insurge. Deux des joueuses ne cachent pas leur homosexualité. Prises pour cibles par un nombre croissant de trolls sur les réseaux sociaux, elles se voient aussi condamnées par différentes sphères religieuses. Un imam tempête lors du prêche du vendredi à Istanbul.
« La religion est piétinée »
« Et en plus, lance-t-il, vous les appelez Sultanes du filet. Ooouh, elles sont devenues des sultanes. Voilà comment petit à petit la religion est piétinée et comment la foi disparaît. Vous applaudissez ce que le Dieu a interdit. Bien sûr le sport n’est pas interdit, on peut en faire, mais il faut faire le sport que pratiquait le prophète, monter à cheval, nager dans la mer, boxer, tirer à l’arc, sans montrer son corps bien sûr. Elles portent des maillots qui collent à leur peau, des maillots qui montrent la forme de leur corps. Le Dieu ne veut pas cela, Le Dieu ne vous dit pas de montrer la forme de son corps. Le Dieu dit qu’il faut se couvrir la tête mais pas seulement, le corps aussi. Tout le corps. »