La Turquie est-elle proche de tourner la page de quatre décennies de guerre contre le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan ? Le président Recep Tayyip Erdogan, mais surtout son allié ultranationaliste du MHP, ont initié il y a quatre mois un processus de négociations dont le but est d’amener le PKK à désarmer et à s’autodissoudre. Ce processus renferme toutefois de nombreuses inconnues, il est donc accueilli avec prudence chez les Kurdes de Turquie.
Depuis des mois, les autorités turques discutent avec le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan ou PKK, Abdullah Öcalan, et le laissent échanger avec des cadres du parti prokurde légal, le DEM. L’objectif déclaré est le désarmement du PKK, la fin de quarante ans de guerre avec les combattants kurdes en Turquie, mais aussi dans le nord de l’Irak et de la Syrie.
« Un processus est-il vraiment en cours ? »
L’échec de tentatives passées, le fait que le pouvoir justifie le processus actuel par des enjeux sécuritaires et non par un effort de démocratisation… les Kurdes de Turquie sont sceptiques, constate Roj Girasun, directeur de l’institut de recherche et de sondage Rawest, spécialisé dans ce sujet. « Ce qui domine, c’est la prudence et l’inquiétude… Que se passera-t-il si ce processus échoue ? Un processus est-il vraiment en cours ? Il y a un manque de confiance très clair », analyse-t-il.
Les jeunes, plus « éloignés de la violence »
Ce scepticisme n’empêche toutefois pas l’espoir et le soutien aux efforts de paix, notamment chez les jeunes Kurdes. « Toutes nos enquêtes le montrent : par rapport aux générations précédentes, les jeunes Kurdes d’aujourd’hui se montrent beaucoup plus prêts au compromis et éloignés de la violence, d’une solution armée. C’est un effet de l’urbanisation croissante de la population kurde, de son accès croissant aux classes moyennes, de son intégration croissante à la société en Turquie », explique Roj Girasun.
Beaucoup s’attendent à ce qu’Abdullah Öcalan appelle le PKK à abandonner les armes le 15 février, lors du 26ᵉ anniversaire de son arrestation.
À lire aussi Abdullah Öcalan: trente ans de lutte au nom du peuple kurde