Turquie : les élus pro-kurdes poursuivent leurs efforts de médiation en attendant une annonce d’Öcalan/ LIBERATION

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LIBERATION, le 17 février, 2025

Ce n’est pas, loin de là, la grande annonce que beaucoup espéraient. Pour marquer le 26e anniversaire de l’arrestation d’Abdullah Öcalan qui tombait samedi, Kurdes et Turcs attendaient une prise de parole du fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui, selon de nombreuses sources, aurait pu prononcer la fin de la lutte armée, après plus de 40 ans de combats et plus de 40 000 morts.

Mais rien de la sorte n’est sorti de la prison d’Imrali, au large d’Istanbul, où il purge sa peine de prison à vie et dont il fait sortir ses messages par le biais de ses avocats. Dimanche, une délégation du parti turc pro-kurde DEM a remis un message d’Öcalan au leader historique kurde d’Irak Massoud Barzani, dans le cadre de sa médiation entre Ankara et le PKK. «Au cours de la réunion, la délégation d’Imrali a principalement fourni des informations sur les discussions avec M. Öcalan et a reçu les points de vue, suggestions et réflexions de Barzani concernant le processus», a rapporté le DEM sans autre détail. Ses élus, Sirri Sureyya Onder et Pervin Buldan, ont rendu visite à deux reprises à Öcalan, 75 ans, ces derniers mois. Lors de ces rencontres, il s’est dit «déterminé à apporter sa contribution» à un processus de paix entre le PKK et le gouvernement turc.

Lundi, c’est une délégation d’un autre petit parti pro-kurde, le DBP, qui a donné sa version de l’état d’esprit actuel du chef historique du PKK. «Malgré des conditions difficiles, M. Öcalan se bat pour parvenir à une solution démocratique sur des bases légales», a déclaré Keskin Bayindir, coprésident du DBP, à Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien. Evoquer les «bases légales» d’un futur compromis pourrait recouvrir l’idée d’un renoncement aux armes mais dans des termes tellement flous que l’exégèse est compliquée. Comme celle du DEM, la délégation a rencontré Nechirvan Barzani, le président de la région autonome du Kurdistan dans le nord de l’Irak, dans le cadre de sa médiation entre Ankara et le PKK.

Détente

Depuis l’automne, une reprise de dialogue soutenue par le président Recep Tayyip Erdogan avec le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, laisse entrevoir l’espoir d’une issue négociée au conflit. En prison depuis 1999, le chef du PKK vivait dans l’isolement quasi-total avant que l’Etat turc n’amorce une sorte de détente ces derniers mois. A 75 ans, ce partisan de la lutte armée a fait évoluer sa doctrine et conserve une aura très importante auprès des Kurdes. Ankara, qui considère le PKK (interdit) comme un mouvement terroriste, a engagé un dialogue avec son chef historique via les parlementaires pro-kurdes.

Samedi, jour anniversaire de l’arrestation d’Ocalan, le ministère turc de l’Intérieur a annoncé qu’un neuvième maire du DEM, troisième force au parlement, accusé de «terrorisme», avait été suspendu et plus de 120 de ses partisans avaient été arrêtés, malgré le dialogue en cours avec le PKK. «D’un côté, le dialogue avance, de l’autre, la volonté du peuple est confisquée. Notre lutte continuera, d’Istanbul à Van», avait déploré l’un des co-présidents du parti DEM, Tuncer Bakırhan, appelant le gouvernement à «faire preuve de sincérité».

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