Le procès de l’une des principales et des plus actives associations de défense des droits des femmes de Turquie, accusée d’activités «immorales», a été renvoyé mercredi au 13 septembre a constaté une journaliste de l’AFP. Le procès s’était ouvert en juin dernier. Le Figaro rapporte du 4 avril 2023.
Il s’agissait de la troisième audience devant un tribunal d’Istanbul, suivie par des représentants de plusieurs consulats européens (Norvège, Finlande, Irlande, France).
«Activités contre la loi et la morale»
Un procureur d’Istanbul avait décidé en avril 2022 de poursuivre la plateforme «We Will Stop Feminicide», qui dénonce régulièrement les violences à l’encontre des femmes, et de demander sa dissolution pour «activités contre la loi et la morale». Des dizaines de manifestantes s’étaient rassemblées devant le tribunal pour dénoncer ce procès sous des bannières clamant «La plateforme ne va pas s’arrêter, les meurtres de femmes le doivent».
Selon la plateforme qui en tient le décompte, au moins 327 femmes ont été tuées en 2022 et 793 blessées en Turquie, dont la majorité par des membres de leur famille. L’association, fondée en 2010, a organisé de nombreuses manifestations pour le maintien de la Turquie dans la Convention d’Istanbul, un traité international établissant le cadre légal et institutionnel de la lutte contre les violences sexistes, dont le pays s’est retiré en 2021.
À lire aussi :Turquie: les anti-Erdogan désignent leur candidat pour la présidentielle
Le gouvernement turc a justifié sa décision d’abandonner le traité en lui reprochant d’encourager l’homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle. Nursel Inal, une des responsables de la plateforme fondée en 2010, avait dénoncé un procès politique lors de son ouverture. «Il y a un mouvement de femmes très organisé en Turquie et nous pensons que ce procès est une attaque envers la lutte des femmes pour leurs droits», avait-elle déclaré à l’AFP.
À l’origine du procès, des plaintes déposées par des particuliers qui reprochaient aux membres de l’association de «détruire la famille au prétexte de défense des droits des femmes». Plus de 300 avocats de toute la Turquie ont proposé leurs services pour défendre la plateforme. L’une d’elles, Aysun Kilic, du barreau de Kocaeli (nord-ouest), a rendu hommage au travail de comptage accompli par la plateforme en estimant que c’était normalement «le devoir de l’État».