Les élections municipales se tiennent le 31 mars en Turquie, et s’annoncent très disputées. À moins de deux mois du scrutin, l’implication personnelle du chef de l’État lui donne une dimension nationale.
Le 10 février 2024, France Info
Pour ces élections municipales, c’est le président Erdogan qui mène la campagne de son camp. C’est le signe le plus flagrant que ce scrutin local revêt une dimension nationale. Pour Recep Tayyip Erdogan, c’est une question de revanche, d’honneur pourrait-on dire. Lors du dernier scrutin en 2019, l’opposition a raflé plusieurs grandes villes, dont les deux plus importantes : Ankara, la capitale, et Istanbul. Erdogan a juré de les reprendre.
Istanbul surtout, la ville dont il fut maire et qui a été son marchepied vers des fonctions plus importantes, la ville aussi où il est né. Il mène une véritable guérilla contre le populaire maire Imamoglu, qui est sous le coup de plusieurs procès qu’il dénonce comme politiques et fabriqués, mais qui pourraient lui valoir une interdiction de toute vie politique durant plusieurs années.
Le séisme, argument de campagne
Et c’est donc le président, qui porte le fer contre l’opposition dans cette campagne. Cette semaine, il était en tournée dans les provinces touchées par le séisme : il est allé se recueillir bien sûr dans différentes villes, distribuer les clefs de nouveaux logements mais il en a profité à chaque étape pour dévoiler la liste des candidats de son parti, l’AKP, pour ces municipales.
Ce sont a priori des terres acquises : Kahramanmaras, proche de l’épicentre du séisme, est même l’un des fiefs de l’AKP. Mais à Antioche, la seule ville importante tenue par l’opposition dans la région, la plus détruite aussi encore aujourd’hui, il s’est livré à une sorte de chantage, laissant entendre que si son candidat l’emportait, l’aide pour la reconstruction viendrait plus facilement. C’est assez paradoxal, mais c’est même le cœur de la campagne à Istanbul. La mégapole est assise sur une faille sismique qui peut à tout moment déclencher un tremblement de terre.
Erdogan a choisi comme candidat Murat Kurum, un technocrate qui a dirigé l’organisme de logements collectifs du gouvernement, et qui promet de rendre Istanbul résiliente aux séismes. Il présente par ailleurs un avantage indéniable : il n’a pas de base politique et en cas de victoire, ne deviendra pas un rival politique du président.