franceinfo, 14/03/2019
Dans ce texte non contraignant, adopté mercredi en session plénière, les députés européens se disent “très préoccupés par le mauvais bilan de la Turquie en matière de respect des droits humains“.
Le Parlement européen a demandé, mercredi 13 mars, la suspension des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Dans un texte adopté à 370 voix (109 contre et 143 abstentions), les eurodéputés se disent “très préoccupés par le mauvais bilan de la Turquie en matière de respect des droits humains, d’Etat de droit, de liberté des médias et de lutte contre la corruption, ainsi que par le système présidentiel tout-puissant”.
Il ne s’agit pas pour le moment d’un arrêt pur et simple, mais d’un avertissement. “Ankara a fait la sourde oreille à nos appels répétés au respect des droits fondamentaux, argumente la rapporteure du texte, l’eurodéputée néerlandaise Kati Piri (S&D, gauche). Je suis consciente que mettre un terme aux négociations d’adhésion n’aidera pas les démocrates en Turquie. Pour cela, les dirigeants européens doivent utiliser tous les outils à leur disposition pour faire pression sur le gouvernement turc.” Des députés du Parti populaire européen (droite) avaient déposé un amendement pour demander l’arrêt définitif des négociations. Mais celui-ci a été rejeté.
Ce texte “ne signifie rien” pour Ankara
Le ministère turc des Affaires étrangères n’a pas tardé à réagir. Il critique un texte qui “montre clairement le manque de vision du Parlement européen”, ajoutant que cette résolution non contraignante “ne signifiait rien” pour Ankara. Sur Twitter, le porte-parole du Parti de la justice et du développement, formation du président turc Recep Tayyip Erdogan, accuse le Parlement européen de “regarder le monde par l’étroite fenêtre de l’extrême droite”.
Les négociations sur une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE ont débuté en 2005. Mais elles sont aujourd’hui au point mort, les relations entre Bruxelles et Ankara s’étant crispées depuis la tentative manquée de putsch de juillet 2016 et la répression contre les opposants et journalistes qui a suivi. La décision finale revient désormais au Conseil européen, qui regroupe les gouvernements des Etats membres.