Rapporte France 24 avec AFP du 3 février 2023. L’un des six partis de l’opposition turque, réunie en alliance pour faire tomber le président Recep Tayyip Erdogan lors des présidentielles du 14 mai, a refusé de soutenir le candidat commun, Kemal Kiliçdaroglu, chef du Parti républicain du peuple, qui devait être investi lundi. Il reste moins de trois mois à l’opposition pour imposer l’image de son candidat et faire campagne.
Un pas de plus vers une nouvelle victoire du président turc Recep Tayyip Erdogan ? L’alliance de six partis de l’opposition s’est fracturée, vendredi 3 mars, sur le choix d’un candidat commun pour affronter le chef de l’État sortant à la présidentielle du 14 mai.
Le dirigeant turc, au pouvoir depuis vingt ans et candidat à sa propre succession, a annoncé mercredi maintenir les élections présidentielle et législatives à la date prévue, malgré le séisme dévastateur du 6 février, qui a fait plus de 45 000 morts.
Le Bon Parti (nationaliste), la deuxième plus importante formation de l’alliance de l’opposition, a refusé de se ranger derrière la candidature de Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le principal parti d’opposition. Et ce alors que l’investiture de Kemal Kiliçdaroglu doit être officialisée lundi.
Ekrem Imamoglu et Mansur Yavas appelés au secours
Dans une allocution télévisée, la fondatrice et présidente du Bon Parti, Meral Aksener, a déploré le choix de Kemal Kiliçdaroglu, estimant qu’il résultait de « petits calculs » contraires à l’intérêt général des Turcs.
Pour prendre la tête de « la Table des Six » (le surnom de l’alliance de l’opposition), cette rare figure féminine de l’opposition a appelé les populaires maires d’Istanbul et d’Ankara, Ekrem Imamoglu et Mansur Yavas, tous deux membres du CHP, à se présenter. « Notre nation vous aime, notre nation vous réclame », a-t-elle lancé à l’issue d’une réunion avec les cadres de son parti.
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Tout en soutenant « son président » Kemal Kiliçdaroglu, Mansur Yavas s’était dit prêt mardi à remplir son « devoir » si l’alliance le lui demandait. Ekrem Imamoglu, quant à lui, a réitéré vendredi son soutien à une candidature du chef du CHP.
« Ne vous inquiétez pas, tout rentrera dans l’ordre », a assuré vendredi Kemal Kiliçdaroglu devant des journalistes. « Nous allons poursuivre notre chemin ».
« Cadeau à Erdogan »
« Le rejet de (la candidature de) Kiliçdaroglu par Aksener porte un sérieux coup aux perspectives de l’opposition. Elle a fait un beau cadeau à Erdogan », juge Anthony Skinner, analyste indépendant et expert de la Turquie.
Pour une partie des soutiens de l’opposition, Kemal Kiliçdaroglu, un ancien haut fonctionnaire âgé de 74 ans et issu de la minorité alévie, souffre d’un manque de charisme face au chef de l’État, qui s’affiche volontiers en homme fort.
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Mais Recep Tayyip Erdogan devra répondre de la lenteur des secours dans les heures qui ont suivi le tremblement de terre du 6 février, ainsi que du manque d’anticipation des risques sismiques par son gouvernement. Des manquements que Kemal Kiliçdaroglu n’a pas manqué de relever, dénonçant « l’incompétence » et la corruption à la tête du pays.
Quant au parti de gauche prokurde HDP, tenu à l’écart de l’alliance de l’opposition, il n’a pas encore annoncé de candidat pour la présidentielle, et voit d’un bon œil la candidature de Kemal Kiliçdaroglu.