Le pays fait face à plus de 34 milliards de dollars de dégâts matériels. Clara Galtier rapporte dans Le Figaro du 27 février 2023.
Pas de répit pour la Turquie : elle a subi ce lundi une nouvelle réplique des séismes qui ont tué 44.374 personnes le 6 février, et plus de 50.000 en comptant les victimes en Syrie. D’une magnitude de 5,6, la secousse a entraîné l’effondrement de 22 bâtiments dans la province de Malatya, située dans le sud-est du pays.
Selon l’agence publique de gestion des catastrophes (Afad), au moins un habitant est décédé et 110 autres ont été blessés. Depuis le début du mois, près de 10.000 répliques ont eu lieu dans cette région, l’une des plus soumises au monde à l’activité sismique. Selon la Banque mondiale, les dommages matériels causés par les premiers tremblements de terre vont coûter plus de 34,2 milliards de dollars à la Turquie. Cette première estimation des conséquences économiques publiée lundi, bien que temporaire, représente déjà 4 % du PIB de la Turquie en 2021.
La croissance impactée
« D’autres répliques sismiques viendront probablement encore majorer cette estimation », écrit la Banque mondiale, selon laquelle ces séismes successifs sont « la plus grande catastrophe de ce type subie par le pays depuis plus de quatre-vingts ans ». Le coût du relèvement et de la reconstruction sera quoi qu’il arrive bien plus importantque prévu, « voire deux fois supérieur ».
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Les dégâts les plus considérables ont été observés dans onze provinces du sud de la Turquie, région qui concentre des taux de pauvreté parmi les plus importants du pays, car elle accueille plus de 1,7 million de réfugiés syriens, soit la moitié de ceux arrivés depuis 2011 dans le pays.
Les dommages directs sur les immeubles résidentiels représentent 53 % du total des destructions (18 milliards de dollars) ; 28 % (9,7 milliards de dollars) concernent des édifices non résidentiels, tels que des hôpitaux ou des écoles, et 19 % (6,4 milliards) sont relatifs aux infrastructures. Ces catastrophes naturelles amputeront le PIB turc d’au moins un demi-point de croissance, prévue entre 3,5 % et 4 % cette année, selon Humberto Lopez, directeur de la Banque mondiale pour la Turquie. La zone touchée par les séismes abrite 16 % de la population turque et représente 110 000 km², une superficie plus vaste que celle de la Bulgarie ou de l’Autriche.
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Dans cette région, se trouvent Kahramanmaras, le Hatay et Gaziantep, des centres régionaux clés de logistique, de production et d’exportation. Ces zones contribuent à un peu plus de 10 % du PIB. Dès le 9 février, la Banque mondiale avait annoncé une première aide de 1,7 milliard de dollars pour soutenir les efforts de secours et les prémisses de reconstruction. Sous le feu des critiques à trois mois des élections, le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé « pardon » aux habitants de la province d’Adiyaman (Sud-Est), pour les retards dans l’arrivée des secours.
Un autre rapport analysant les conséquences pour la Syrie paraîtra mardi. Le pays, défiguré par douze ans de conflit, devrait sans surprise souffrir très sévèrement. « La magnitude de l’impact sur la Syrie va être vraiment catastrophique », a alerté Anna Bjerde, vice-présidente du groupe de la Banque mondiale pour l’Europe et l’Asie centrale.