« La banque centrale turque a maintenu jeudi pour le sixième mois consécutif son principal taux directeur à 14%, refusant de relever ce dernier malgré une inflation qui s’est accélérée à près de 75% sur un an. «Le processus de désinflation débutera avec le rétablissement d’un environnement de paix dans le monde et la disparition des effets de base de l’inflation», indique la banque centrale dans un communiqué pour justifier sa décision » dit Le Figaro du 23 juin 2022.
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Le président Recep Tayyip Erdogan, qui estime à rebours des théories économiques classiques que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation, avait contraint la banque centrale à abaisser son taux directeur de 19% à 14% entre septembre et décembre. Ces décisions avaient provoqué un effondrement de la livre turque, qui a perdu 44% face au dollar en 2021.
La monnaie a encore vu sa valeur fondre de 23% face au billet vert depuis le 1er janvier, malgré des interventions répétées de la banque centrale. Début juin, le président turc avait dit vouloir abaisser de nouveau les taux d’intérêt. «Nous n’avons pas de problème d’inflation. Mais un problème de cherté de la vie», avait-il affirmé.
Conséquence de l’effondrement de la livre turque et de l’envol des cours de l’énergie notamment, l’inflation a atteint à 73,5% sur un an en mai, selon les chiffres officiels, et pourrait s’aggraver encore du fait de la guerre en Ukraine. Il s’agit d’un record depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan.
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L’inflation est au cœur des débats en Turquie, à moins d’un an de l’élection présidentielle, prévue pour juin 2023, l’opposition et des d’économistes accusant l’Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer de plus de moitié son ampleur. Au pouvoir depuis 2003 comme Premier ministre puis comme président, le chef de l’État a affirmé que l’inflation commencerait à ralentir «après le mois de mai». Recep Tayyip Erdogan, qui a bâti ses précédents succès électoraux sur ses promesses de prospérité, espère être réélu en 2023 malgré des sondages le donnant potentiellement perdant.
Le Figaro, 23 juin 2022