C’est une décision qui fait grand bruit en Turquie : un conseil de discipline militaire a prononcé, vendredi 31 janvier, l’exclusion de huit soldats des rangs de l’armée de terre, dont cinq jeunes diplômés. En cause, leur serment d’allégeance à Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République laïque, scandé lors d’une remise de diplôme d’élèves officiers. Le président Recep Tayyip Erdogan avait vu rouge.
La sanction est très lourde, c’est l’exclusion, par un conseil de discipline militaire. Elle est surtout conforme à ce que le président Erdogan avait réclamé. Elle concerne cinq jeunes lieutenants de l’armée de terre, dont la majore de sa promotion ainsi que trois de leurs supérieurs.
C’est lors de la cérémonie de remise des diplômes, le 30 août 2024, que s’est déroulé l’incident qui a scellé le sort de ces militaires. Après la cérémonie officielle, alors que le chef de l’État avait quitté les lieux, des dizaines de jeunes diplômés se sont regroupés pour scander : « Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal ! » Ils ont ensuite levé leurs épées et prêté le serment de protéger une Turquie « laïque et démocratique ».
Depuis des décennies
Un serment que les soldats prêtaient depuis des décennies, avant que les autorités ne le suppriment ces dernières années. Un slogan qui est aussi devenu un cri de ralliement de l’opposition laïque contre le gouvernement islamo-nationaliste du président Erdogan.
Selon l’armée, les soldats ne sont pas punis à cause du serment en question, mais pour indiscipline. Ce n’est pas ainsi que beaucoup de Turcs perçoivent cette décision. L’opposition estime que le pouvoir a sanctionné les soldats parce qu’ils ont crié haut et fort leur attachement à Mustafa Kemal Atatürk, fondateur et premier président de la République de Turquie laïque.
À lire aussiTurquie: des enseignants manifestent contre les attaques contre la laïcité