Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche 7 juillet qu’il pouvait inviter « à tout moment » son homologue syrien Bachar el-Assad en Turquie, un geste de réconciliation après la rupture entre Ankara et Damas entraînée par le début de la guerre en Syrie en 2011.
Les déclarations du président turc surviennent alors que les tensions se sont accrues depuis une semaine contre les réfugiés syriens en Turquie, une foule ayant attaqué des propriétés et des véhicules appartenant à des Syriens, dans la ville de Kayseri, en Anatolie.
« Nous pouvons envoyer une invitation [à Assad] à tout moment », a déclaré M. Erdogan aux journalistes de l’agence de presse officielle Anadolu à bord d’un avion en provenance de Berlin, où il a assisté au dernier match de son équipe nationale à l’Euro-2024 de football.
Reconsidérer les relations entre la Turquie et la Syrie
La Turquie avait au départ l’intention de renverser le régime de Bachar el-Assad, lorsque le conflit syrien a éclaté avec la répression violente de manifestants pacifiques en 2011. Toutefois, après avoir soutenu différents groupes d’insurgés, Ankara s’est montrée récemment plus disposée à empêcher qu’un « corridor de la terreur », selon les mots du président turc en 2019, ne s’ouvre dans le nord de la Syrie.
Recep Tayyip Erdogan a fait savoir depuis longtemps qu’il pourrait reconsidérer ses relations avec le dirigeant syrien. Face aux journalistes – dans l’avion qui le ramenait de Berlin où il a assisté au match de l’Euro-2024 Pays-Bas-Turquie -, le président turc a indiqué que certains dirigeants, dont le président russe Vladimir Poutine, avaient suggéré une rencontre avec Bachar el-Assad en Turquie.
« Nous en sommes arrivés à un point tel que, dès que Bachar el-Assad fera un pas vers de meilleures relations avec la Turquie, nous lui montrerons la même approche », a assuré M. Erdogan.
Émeutes anti-syriennes en Turquie
Cette semaine, les autorités turques ont arrêté plus de 470 personnes à la suite d’émeutes anti-syriennes dans plusieurs villes, déclenchées par des accusations selon lesquelles un homme syrien est soupçonné d’avoir harcelé une mineure syrienne, membre de son entourage.
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Lundi, des centaines de Syriens ont manifesté dans toute la zone contrôlée par Ankara dans le nord de la Syrie, certains manifestants armés attaquant des camions et des postes militaires turcs, et décrochant des drapeaux turcs. Recep Tayyip Erdogan a accusé l’opposition d’attiser les tensions et a condamné les violences anti-syriennes en les qualifiant d’« inacceptables ». Il a en outre promis de révéler « quelles mains sales » ont déclenché les affrontements dans le nord de la Syrie.
Les attaques en Turquie contre des commerces et des biens appartenant aux Syriens ont démarré à Kayseri et se sont étendues à plusieurs autres villes, dont Istanbul cette semaine. Ces violences ont conduit dans le nord de la Syrie à des violences anti-turques. Des affrontements entre des manifestants armés et des gardes des positions turques ont fait sept morts. Le sort des réfugiés syriens revient régulièrement dans le débat politique turc, des opposants au président Erdogan promettant de les renvoyer en Syrie.