« Depuis le début de la crise en Ukraine, la Turquie, membre de l’Otan, s’efforce de faciliter une médiation entre Moscou et Kiev. Cette nouvelle donne pousse son président à demander à l’Union européenne «d’ouvrir rapidement les chapitres des négociations d’adhésion» » rapporte Le Parisien.
Elles avaient été repoussées aux calendes grecques mais la guerre en Ukraine change la donne. Ce mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé à l’Union européenne (UE) de relancer les «négociations d’adhésion» avec Ankara, à la veille d’un sommet européen de deux jours à Bruxelles.
« Nous attendons de l’UE qu’elle ouvre rapidement les chapitres des négociations d’adhésion et qu’elle entame les négociations sur l’union douanière sans céder à des calculs cyniques », a déclaré le président turc au terme d’une rencontre à Ankara avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.
Les déclarations du président turc interviennent alors que la guerre en Ukraine permet à Ankara un retour sur la scène internationale. Allié de Kiev et membre de l’Otan, la Turquie s’efforce depuis le début de la crise en Ukraine de faciliter une médiation entre Moscou et Kiev.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba s’étaient rencontrés le 10 mars grâce à l’entremise d’Erdogan. Le président turc a reçu en l’espace de neuf jours quatre dirigeants de pays de l’UE et de l’Otan. Un sommet de l’Alliance atlantique a lieu jeudi à Bruxelles.
Des négociations enlisées
Les négociations sur une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE, démarrées en 2005, se sont enlisées ces dernières années du fait de tensions parfois vives avec Bruxelles sur de multiples fronts. Les relations s’étaient très fortement tendues après la tentative manquée de putsch de juillet 2016 et la répression touchant opposants et journalistes qui a suivi.
La Commission européenne avait estimé fin 2020 que les chances d’adhésion d’Ankara étaient « au point mort » à cause des décisions contraires aux intérêts de l’UE prises par ses dirigeants. La dispute maritime gréco-turque en Méditerranée orientale, le rôle d’Ankara dans les conflits en Syrie et en Libye n’avaient pas poussé au rapprochement.
Après une année de tensions et d’invectives, dirigées notamment contre Emmanuel Macron, les responsables turcs avaient multiplié il y a un an les appels au dialogue avec les Européens. Mais le président turc avait menacé en octobre dernier d’expulser dix ambassadeurs après un appel à libérer un opposant.
Le Parisien, 22 mars 2022