En Turquie, un nouveau record a été franchi, fin mars. Celui du montant des dépenses effectuées à crédit, plus de 278 milliards de livres turques en une semaine. Pour limiter cet endettement, le gouvernement prend des mesures. Mais dans un contexte de crise économique sans précédent, 68 % d’inflation officiellement, 122 % selon les économistes indépendants, ces restrictions inquiètent les familles turques, de plus en plus nombreuses à s’endetter.
RFI, le 14 avril 2024, par Manon Chapelain
Le problème n’est pas nouveau en Turquie. Déjà, en septembre dernier, le ministre du Trésor et des Finances, Mehmet Simsek, avait évoqué l’idée de nouvelles restrictions sur l’utilisation des cartes de crédit, nom donné en Turquie à ces cartes où l’argent y est justement ajouté, à crédit. « Vous ne pouvez pas devenir riche avec l’argent de quelqu’un d’autre », avait-il déclaré, évoquant une augmentation prochaine de leurs taux d’intérêt.
Chose promise, chose due : l’intérêt mensuel maximum de ces cartes a été augmenté et atteint désormais les 5 %. En filigrane, la volonté du gouvernement de faire baisser l’inflation, sur laquelle ces crédits pèsent, et d’agir ainsi sur la crise économique qui n’en finit plus de faire des ravages.
Un endettement supérieur à 1 000 milliards
Depuis cette annonce, de nombreux Turcs réagissent, craignent de ne pouvoir supporter une telle augmentation. Ils sont plusieurs millions à devoir jongler quotidiennement entre plusieurs cartes de crédit. Deux, trois, parfois plus, pour pouvoir vivre et rembourser leurs dettes.
En 2023, le montant de cet endettement par carte de crédit avait été multiplié par 2,5, dépassant le record symbolique des 1 000 milliards de livres turques.