Le double séisme du 6 février à Kahramanmaras qui a fait officiellement plus de 46 000 victimes sur le sol turc, a ravivé la conscience du risque sismique chez les 16 millions d’habitants de la mégalopole d’Istanbul. Certaines familles envisagent désormais de déménager dans une autre ville, car l’ancienne capitale byzantine se trouve sur une faille sismique active. Céline Pierre-Magnani rapporte dans Radio France Internationale du 13 mars 2023.
Esra ne dort plus la nuit. Cette femme de ménage de 43 ans vit dans l’arrondissement d’Erenköy, un quartier résidentiel sur la rive asiatique d’Istanbul. Elle est hantée par les images du tremblement de terre de Kahramanmanras, du 6 février dernier, et se dit terrorisée à l’idée que cela se produise dans sa ville :
« On a pris la décision de partir, oui, mais officiellement, on attend encore le contrôle des spécialistes et des équipes de la mairie pour connaître l’état de notre bâtiment. Si le rapport est mauvais, alors on partira. Peut-être que l’immeuble voisin n’est pas conforme, mais que notre bâtiment, lui, est solide. Une fois qu’on aura le rapport, on prendra une décision définitive. Mais j’ai entendu que tous les bâtiments qui ont plus de cinq étages ne sont pas conformes. Je préfère ne pas y penser… on se ferait écraser. »
Istanbul est située sur une faille sismique active et de nombreux bâtiments ne sont pas en conformité avec les normes sismiques. Face à ce constat, Esra et des milliers d’autres habitants font désormais le choix de l’exil. Quitter la ville d’Istanbul avec l’espoir de reconstruire une vie loin du risque.
Pourtant, selon des experts, le drame aurait pu être évité, car depuis des décennies, de nombreux sismologues tirent la sonnette d’alarme. Comme le sismologue de renom Naci Görür, qui partage ses travaux sur la question et regrette de ne pas avoir été entendu.
Céline Pierre-Magnani rapporte dans Radio France Internationale du 13 mars 2023.