« Des dizaines de personnes ont été arrêtées dimanche à Istanbul en marge des célébrations du 1er-Mai, six jours après les condamnations du mécène Osman Kavala et de sept membres de la société civile accusés d’avoir voulu renverser le régime » rapporte Le Figaro du 1 mai 2022.
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Selon un communiqué des services du gouverneur, 164 personnes ont été appréhendées «pour rassemblement interdit et refus de se disperser», pour avoir voulu rejoindre la célèbre place Taksim, épicentre des grandes protestations anti-gouvernementales de 2013, fermée au trafic et aux défilés.
Plusieurs milliers de personnes ont simultanément rejoint dans le calme la manifestation officielle des syndicats et organisations professionnelles, autorisée à distance de Taksim dans un quartier de la rive asiatique de la mégapole.
Mais dès le début de la matinée la police anti-émeute qui avait bouclé de vastes périmètres permettant d’isoler Taksim – sur la rive européenne du Bosphore – est entrée en action pour empêcher les protestataires de rejoindre la place, multipliant les interventions et embarquements musclés, ont constaté les reporters de l’AFP.
Chaque année la célébration du 1er-Mai donne lieu à des affrontements similaires, Taksim restant marquée par le souvenir des événements tragiques du 1er-Mai 1977 quand au moins 34 manifestants ont été tués et une centaine blessés par des tirs attribués à une milice d’extrême-droite.
La Turquie traversait alors une vague de violence politique.
Mais la place Taksim est surtout devenue l’emblème de la contestation qui s’était étendue en quelques semaines en 2013 à tout le pays.
Initialement motivée par la défense du parc adjacent de Gezi, promis à la démolition, les protestations avaient gagné tout le pays, catalysant les frustrations et revendications face au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.
Neuf ans plus tard, la justice turque a condamné lundi à la prison à perpétuité le philanthrope Osman Kavala et sept autres accusés – universitaires, architectes, documentariste et avocats qui s’étaient mobilisés pour le parc – à dix-huit ans de prison, au terme d’un procès sans preuve ni interrogatoire.
Kavala, qui a évoqué un «assassinat judiciaire», a été accusé d’avoir cherché à «renverser le gouvernement» et les sept autres de l’avoir aidé.
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Ces condamnations, qui ont surpris les avocats et les observateurs par leur sévérité, ont été perçues par la société civile comme un message visant à prévenir toute protestation dans le pays d’ici aux élections présidentielle et législatives prévues en juin 2023.
Le Figaro, 1 mai 2022