Star du petit écran en Turquie pour ses rôles de commissaire rebelle, Erdal Besikcioglu se lance à l’assaut d’une banlieue conservatrice d’Ankara au nom de l’opposition, lors des élections municipales de dimanche.
Son rôle dans la série Behzat C, où il incarnait un commissaire en lutte contre les vices du système, reste gravé dans les mémoires.
Au point qu’il est difficile de savoir si l’engouement que suscitent ses meetings vise le candidat ou le commissaire adoré.
L’annonce de sa candidature par le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate, principale formation de l’opposition) pour la mairie d’Etimesgut, a créé la surprise, l’acteur n’ayant jusque-là affiché aucune ambition politique.
Erdal Besikcioglu visite un marché à Etimesgut, dans la banlieue d’Ankara, le 20 mars 2024, AFP, Adem ALTAN
Mais ce novice des campagnes révèle un vrai talent pour nouer contact dans cette banlieue de 620.000 habitants, aux mains des conservateurs depuis vingt ans.
Dans les cafés, il se présente en saluant les jeunes d’un « La ! », tic du langage populaire d’Ankara et de son personnage.
« J’aborde les gens comme le proche qu’ils ont accueilli chez eux pendant des années sur les écrans », justifie-t-il pendant une visite aux commerçants d’une rue centrale d’Etimesgut.
La foule qui l’appelle déjà « notre maire » se forme autour de lui, des jeunes comme des femmes voilées réclamant une photo avec l’acteur qui a joué aussi un gouverneur idéaliste.
Certains le comparent déjà au président ukrainien Volodymyr Zelensky, acteur populaire avant d’être élu chef de l’Etat.
Erdal Besikcioglu en campagne à Etimesgut, dans la banlieue d’Ankara, le 20 mars 2024, AFP, Adem ALTAN
À l’écran, j’ai tenté d’incarner un dirigeant tel qu’il devrait être. Le moment est venu de mettre les idéaux en pratique, affirme-t-il.
Dans le quartier, le désir d’alternance des habitants joue en sa faveur.
« Le maire actuel s’est accroché au pouvoir, comme (le président turc Recep Tayyip) Erdogan! Nous voulons le changement », lance Derya Egin, une femme au foyer de 56 ans.
D’autres en revanche lui reprochent son absence de programme.
« Il propose plus d’activités culturelles. C’est bien, mais pas suffisant », estime un habitant souhaitant rester anonyme.
La course s’annonce pourtant serrée entre M. Besikcioglu et le maire actuel, Enver Demirel.
Erdal Besikcioglu en campagne à Etimesgut, dans la banlieue d’Ankara, le 20 mars 2024, AFP, Adem ALTAN
« Je ne regarde pas les sondages », balaie Erdal Besikcioglu. « Je suis avant tout un artiste pour les habitants. Je deviendrai, si Dieu le permet, leur maire », conclut-il.