Condamné à 18 ans de réclusion dans le cadre des procès du Parc Gezi, manifestations antigouvernementales de 2013, Can Atalay a été élu sur les listes du Parti travailliste de Turquie aux législatives de mai 2023. L’avocat devrait bénéficier de l’immunité liée à son mandat. Mais depuis son élection, il est toujours derrière les barreaux. Suite à la deuxième demande de libération de la Cour constitutionnelle, les députés du parti et leurs soutiens ont lancé un sit-in, mercredi 27 décembre, devant le palais de justice de Caglayan à Istanbul pour exiger sa libération.
Près de 400 personnes étaient postées devant l’immense palais de justice de Caglayan, sur la rive européenne d’Istanbul, mercredi 27 décembre dans la soirée. Les manifestants ont chanté en chœur Bella Ciao et autres chants révolutionnaires pour se donner du courage, car l’attente pourrait être longue.
Voilà plus de six mois que l’avocat Can Atalay a été élu député du parti travailliste. Il aurait dû être libéré, mais il est toujours maintenu sous les verrous, et la Turquie assiste à un ping-pong institutionnel qui désarme tous les juristes. En effet, les deux plus hautes Cours de justice du qui sont engagées dans un bras de fer sur le dossier de Can Atalay.
La Cour constitutionnelle vient de statuer pour la seconde fois à une « violation de la liberté » de l’avocat et demande sa libération. Une décision que la 13e Cour pénale d’Istanbul se refuse obstinément d’appliquer, soutenue elle-même par la Cour de cassation.
Les purges qui ont suivi la tentative de coup d’État de 2016 et la réforme constitutionnelle de 2017 ont largement contribué à inféoder l’appareil judiciaire à l’exécutif. Le dossier Can Atalay jette plus que jamais une lumière crue sur le naufrage de la justice turque.