Observatoire de la Turquie Contemporaine, 30 juin 2021, Nilüfer Gros
Le 5 Juin 2021, à Nice, initiée par la sociologue turque Pinar Selek, Toutes aux Frontières, groupe international féministe, manifestait pour dénoncer les politiques migratoires européennes actuelles, la militarisation des frontières, la criminalisation des personnes migrantes, les violences faites aux femmes, enfants et minorités de genre sur la route de l’exil. Cette manifestation multilingue était conduite par des femmes italiennes, ougandaises, colombiennes, allemandes, tunisiennes, espagnoles, algériennes, suisses, kurdes, turques, autrichiennes, syriennes, arméniennes, anglaises, ivoiriennes, guatémaltèques, mexicaines, chiliennes, irakiennes, belges, françaises maralpines, ardéchoises, basques, garonnaises, lyonnaises, ariégeoises, bas-alpines, iséroises, parisiennes, séquano-dionysiennes, rhodaniennes et d’autres.
Nice, ville stratégique qui aurait pu mieux donner accès à des conditions de vie dignes et qui est devenue emblématique de la répression policière et des violations des droits fondamentaux des exilés a accueilli pour l’occasion entre 5000-8000 féministes et LGBTQI+ avec les collectifs des sans-papiers pour « une Europe sans muraille ».
Des figures internationales ont exprimé leur solidarité avec l’action, notamment Carmen Castillo, écrivaine et cinéaste chilienne, Laurence Cohen, Sénatrice du Val-de-Marne (Ile-de-France), Ariane Ascaride, actrice française parmi d’autres.
Esther Bejarano née en 1924, une survivante juive allemande du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, musicienne et toujours active au sein du Comité international d’Auschwitz a exprimé son soutien par sa lettre lue par les organisatrices de l’action.
« …Plus les gens fuyaient, plus les frontières et les ports leur étaient fermés. Beaucoup d’entre eux auraient pu échapper aux camps de concentration, à la souffrance et au meurtre, si la voie vers un lieu sur leur avait été ouverte. J’ai survécu à Auschwitz et Ravensbrück. Il est de mon devoir, tant que j’en ai la force, de témoigner de ce qui s’est passé et de mettre en garde contre des développements parallèles aujourd’hui… » Esther Bejarano, présidente d’honneur de l’Association des persecuté.es du régime nazi, Allemagne.
Les prises de parole et les performances artistiques ont permis de rendre visibles les parcours, les difficultés des réfugiées mais aussi « la force, la créativité et la détermination de celles et ceux qui sont en première ligne face au racisme, à la xénophobie et au patriarcat, ainsi qu’à leurs soutiens. » Initié par Pınar Selek, écrivaine féministe turque, sociologue et militante antimilitariste qui vit en France, l’action est soutenue par plus de cent associations et collectives.
Zarys Falcon chanteuse colombienne a inspiré les manifestants par sa voix perçante, poétique. Parmi les prises de parole une journaliste iraqienne menacée par Daesh a raconté son périple de réfugiée ainsi que celui des femmes du Moyen-Orient où la situation s’aggrave toujours. Des réfugiées ont déclamé leurs poèmes en différentes langues et conté leurs histoires. L’Associations Des Lesbiennes dépassent les frontières a également pris parole.
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