Une série turque en douze épisodes, disponible sur la plateforme Netflix. L’intrigue se passe dans les années 1950 à Istanbul. Elle met en avant des personnages de confession juive, une première dans ce pays à majorité musulmane. Dans un article publié dans le journal de la communauté juive de Turquie, le Şalom, Victor Apalaçi, critique de cinéma loue la justesse et la crédibilité historique de la série. Le Courrier International du 6 au 12 décembre 2022, a traduit et publié cet article.
De Téhéran à Casablanca en passant par Mascate, Bagdad, Alger et d’autres villes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les communautés juives à travers cette partie du monde, berceau historique du judaïsme, ont évolué au gré de l’évolution des relations entre leurs pays et l’État hébreu, des flux migratoires, des mouvements d’indépendance ou encore des conflits internes et des accords de paix. Courrier International revient sur cette histoire mouvementée des “Juifs d’Orient” dans une série en huit épisodes, voici le troisième.
La série The Club, produite par Netflix, s’ouvre sur un toit d’Istanbul où une très jeune femme abat un homme en tirant à bout portant sur lui.La jeune femme s’appelle Mathilde Asséo, elle revient à Istanbul après dix-sept ans de prison.Elle se lance alors à la recherche de sa fille Rachel qu’elle a dû abandonner à la naissance. Élevée dans l’orphelinat de la communauté juive, celle-ci rejette l’amour platonique de son ami Mordo, pour lui préférer les beaux yeux d’un chauffeur de taxi coureur de jupons, Fistik Ismet [un musulman].
Repères
Encore au nombre de 80 000 dans les années 1940-1950, les juifs de Turquie sont désormais autour de 14 000, en majorité installés dans certains quartiers de la ville d’Istanbul et, pour quelques-uns, dans la ville d’Izmir.
Les persécutions à leur encontre, commencées dès les années 1930 (avec les pogroms en Thrace orientale), et la situation économique précaire d’une grande partie d’entre eux ont engendré des vagues d’émigrations vers Israël dès la fin des années 1940.
Une hémorragie démographique qui se poursuit encore aujourd’hui, et qui concerne aussi l’Europe, depuis qu’en 2013 le Portugal, puis l’Espagne en 2014, ont annoncé accorder la nationalité aux descendants des juifs chassés de la péninsule ibérique par l’Inquisition au XVe siècle.
Istanbul compte 20 synagogues, dont la plus vieille date du XVe siècle.
Source Şalom: Le titre (de l’hébreu shalom, qui signifie à la fois « bonjour » et « paix ») est publié en turc avec une page en judéo-espagnol (parfois aussi appelé ladino) depuis le 29 octobre 1947. Son fondateur a été le journaliste Avram Leyon (1912-1985), qui avait travaillé au quotidien Cumhuriyet.
Şalom est actuellement dirigé par İvo Molinas. Son rédacteur en chef est Yakup Barokas.