« Alors qu’Ankara poursuit son opération militaire contre les forces kurdes de Syrie, celles-ci ont accusé ce mercredi l’aviation turque d’avoir visé les forces de sécurité protégeant le camp d’Al-Hol, qui abrite 50 000 proches de jihadistes du groupe État islamique » dit RFI du 23 novembre 2022.
Selon un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les combattants kurdes), l’aviation turque a mené cinq frappes contre les forces de sécurité kurdes à l’intérieur du camp d’Al-Hol. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays, a pour sa part rapporté que les frappes avaient visé des positions des forces kurdes à l’extérieur du camp, « semant le chaos » dans cet immense ensemble de tentes en plastique blanc.
Certains prisonniers ont donc profité de ces bombardements pour s’enfuir, rapporte notre correspondant à Erbil, Théo Renaudon. Une opération de ratissage de la zone était en cours mercredi soir.
Sous administration kurde, le camp d’Al-Hol, délabré et surpeuplé, abrite plus de 50 000 proches de jihadistes du groupe État islamique (EI) depuis la défaite du groupe, ainsi que des déplacés syriens et des réfugiés irakiens. La moitié de ses occupants ont moins de douze ans. Parmi les habitants du camp figurent plus de 10 000 étrangers originaires d’une soixantaine de pays, dont des Français et d’autres Européens.
Malgré les exhortations répétées de l’administration semi-autonome kurde, la plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens, se contentant de rapatriements au compte-goutte par crainte d’éventuels actes terroristes sur leur sol.
► À lire aussi : Syrie: situation explosive dans le camp d’Al-Hol
Ces frappes ont eu lieu alors que la Turquie a poursuivi ce mercredi l’opération Griffe Épée lancée dimanchecontre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG). Le gouvernement turc accuse ces deux mouvements – qui ont démenti – d’avoir commandité l’attentat qui a fait six morts et 81 blessés le 13 novembre à Istanbul. « La Turquie a les moyens d’aller chercher et de punir les terroristes impliqués dans des attaques contre (elle) à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières », a affirmé le président Recep Tayyip Erdogan devant le groupe de son parti AKP à l’Assemblée. D’ici là, a-t-il mis en garde, « nous allons poursuivre nos opérations aériennes sans interruption et nous entrerons sur le terrain des terroristes au moment qui nous semblera opportun ».
Le chef de l’État a précisé ses objectifs prioritaires, citant les localités syriennes de Tal Rifaat, Manbij et Ayn al-Arab (Kobané en kurde), en vue d’établir une zone de sécurité large de 30 kilomètres au sud de sa frontière.
RFI avec AFP, 23 novembre 2022, Photo/DELIL SOULEIMAN/AFP