« La catastrophe naturelle a fait plus de 35 000 morts. Alors que l’Organisation des Nations unies a déclaré que le nombre de victimes pourrait encore « doubler », des sauveteurs continuent miraculeusement d’extraire des survivants. » Le Monde du 13 février 2023.
Le bilan du violent séisme survenu le 6 février en Turquie et en Syrie s’élève à 35 224 morts, selon les derniers chiffres officiels, communiqués lundi 13 février. Le tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait 31 643 morts dans le sud de la Turquie, a annoncé lundi l’AFAD, l’organisme gouvernemental de gestion des catastrophes, tandis que les autorités ont dénombré 3 581 morts en Syrie. L’Organisation des Nations unies (ONU) a déclaré dimanche que le nombre global de victimes pourrait encore « doubler ».
Les sauveteurs ont miraculeusement extrait de nouveaux survivants des décombres dans le sud de la Turquie. Ces sauvetages sont inespérés car ils sont intervenus bien au-delà de la période cruciale de soixante-douze heures après la catastrophe. Au cours de la nuit de dimanche à lundi, sept personnes ont été dégagées vivantes en Turquie, selon la presse, dont un enfant de 3 ans à Kahramanmaras et une femme de 60 ans à Besni. Une autre, de 40 ans, a aussi été sauvée au bout de cent soixante-dix heures à Gaziantep.
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En Syrie, Bachar Al-Assad accepte d’ouvrir deux points de passage transfrontaliers, annonce l’ONU
En Syrie, le président syrien a accepté d’ouvrir deux nouveaux points de passage transfrontaliers entre la Turquie et le nord-ouest du pays pour trois mois, afin d’acheminer l’aide humanitaire aux victimes du séisme, a annoncé lundi soir le secrétaire général de l’ONU.
« Je salue la décision aujourd’hui du président syrien, Bachar Al-Assad, d’ouvrir les deux points de passage de Bab Al-Salam et Al Ra’ee entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie pour une période initiale de trois mois », a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué. La nouvelle a par ailleurs été saluée par Washington. « Si le régime est sérieux à ce sujet, si le régime est prêt à passer des mots aux actes, alors cela serait une bonne chose pour le peuple syrien », a déclaré à la presse Ned Price, porte-parole du département d’Etat américain.
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Le président syrien a fait cette annonce auprès du chef humanitaire de l’ONU Martin Griffiths qu’il a rencontré plus tôt dans la journée à Damas. Ce dernier a transmis la nouvelle au Conseil de sécurité réuni lundi après-midi pour discuter de la situation humanitaire en Syrie.
« Jusqu’à présent nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie », avait reconnu M. Griffiths après sa visite dans la zone sinistrée le week-end passé. « Ils se sentent à juste titre abandonnés » et il faut « corriger cet échec au plus vite », avait jugé le diplomate.
Selon un responsable du ministère des transports syrien, Suleiman Khalil, soixante-deux avions chargés d’aide ont jusqu’à présent atterri en Syrie. D’autres sont attendus dans les heures et les jours à venir, en provenance en particulier d’Arabie saoudite.
400 000 personnes évacuées en Turquie
Au total, 34 717 personnes travaillent encore aux recherches de survivants dans les zones affectées dans le sud de la Turquie. Selon le vice-président turc Fuat Oktay, qui s’est exprimé face à la presse locale dans les locaux de l’AFAD, quelque 1,2 million de personnes ont été logées dans des résidences étudiantes et 400 000 évacuées de la région.
A Antakya, l’Antioche de l’antiquité grecque, après les trois ou quatre premiers jours d’abandon, les secours sont désormais organisés. Des toilettes basiques, sans eau, ont été installées, au grand soulagement des rescapés. Le réseau téléphonique a été rétabli dans plusieurs quartiers. A Kahramanmaras, à l’épicentre du tremblement de terre, une forte présence policière et militaire est dorénavant visible. Trente mille tentes ont été dressées, tandis que 48 000 personnes sont hébergées dans les écoles et 11 500 dans des salles de sport, selon le ministre de l’intérieur, Süleyman Soylu.
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Incertitudes sur la tenue des élections présidentielle et législatives turques
La tenue des élections présidentielle et législatives en mai semble incertaine. Le séisme a déjà obligé l’alliance de l’opposition à différer l’annonce du nom de son candidat. Celle-ci aurait dû avoir lieu lundi. Pour les experts, des élections en mai paraissent improbables. Ils envisagent leur déroulement en juin, la dernière date possible si la Constitution turque est respectée, car leur ajournement n’est théoriquement possible qu’en cas de guerre, rappellent-ils.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’a pas dit un mot depuis la catastrophe à propos des scrutins prévus pour le 14 mai mais, au sein de son parti, l’AKP, et des formations de l’opposition, les conjectures vont bon train sur leur possible ajournement. Le séisme « va changer la donne non seulement pour le gouvernement mais aussi pour l’opposition », juge Berk Esen, de l’université Sabanci d’Istanbul.
Avant le tremblement de terre, beaucoup doutaient déjà de la capacité de l’opposition, réunie en grande partie dans une Alliance nationale rassemblant six partis, à annoncer son candidat commun lundi. Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (CHP), la plus grande formation d’opposition, entend se présenter contre M. Erdogan, mais l’une des principales figures de l’alliance, Meral Aksener, la fondatrice du Bon Parti, formation nationaliste et laïque, s’est opposée à sa candidature selon certains observateurs. « L’opposition était déjà dans une position très délicate » car divisée sur la personnalité capable de défier M. Erdogan, au pouvoir depuis 2003, rappelle M. Esen.
A 74 ans, M. Kiliçdaroglu n’apparaît pas dans les sondages comme le mieux placé pour battre le chef de l’Etat sortant, comparé notamment aux maires CHP de la capitale Ankara, Mansur Yavas, et d’Istanbul, Ekrem Imamoglu.
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Le Monde avec AFP, le 13 février 2023.