Au Maroc, 1.037 personnes ont trouvé la mort dans un puissant séisme qui a dévasté le pays dans la nuit de vendredi à samedi, provoquant d’énormes dégâts et semant la panique à Marrakech, haut lieu du tourisme, et plusieurs autres villes, selon un nouveau bilan officiel et provisoire. Par Blandine Costentin dans France Bleu, le 9 septembre 2023.
Un tremblement de terre a frappé le Maroc dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre. Le séisme, de magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter selon l’Institut de géophysique américain, a son épicentre au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech, à 320 km au sud de la capitale Rabat. Ce samedi après-midi, le bilan s’est encore alourdi : il s’élève à 1.037 morts selon le ministère de l’intérieur, et plus de 1.200 blessés.
Le séisme a causé l’effondrement de plusieurs bâtiments notamment dans les provinces et communes d’al-Haouz, Taroudant, Chichaoua, Ouarzazate et Marrakech. La secousse a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, semant la panique parmi la population.
Les images diffusées par les médias et les témoins sur les réseaux sociaux montrent d’importants dégâts dans plusieurs villes. Une partie d’un minaret s’est effondrée sur la célèbre place Jemaa el-Fna, au coeur de Marrakech, faisant deux blessés. Des centaines de personnes ont afflué sur cette place emblématique de la ville pour y passer la nuit, de crainte de répliques.
« Les tables ont commencé à trembler, les plats à voler »
« On se promenait à Jemaa el-Fna quand la terre a commencé à trembler, c’était vraiment sidérant comme sensation », raconte à l’AFP une habitante de Marrakech, « j’ai au moins dix membres de ma famille qui sont morts à Ijoukak(commune rurale d’Al-Haouz, NDLR) ». Une touriste anglaise, installée à la terrasse d’un restaurant avec des amies, a vu « les tables trembler, les plats voler, on a paniqué ». Elle n’a pas pu atteindre son hôtel dans la médina, car « il y avait des débris de partout ».
Alia, une Toulousaine interrogée par France Bleu Occitanie a passé la nuit dans la rue avec ses sœurs. Elle a ressenti le séisme dans le riad où elle résidait : « C’était la panique, tous les touristes sont sortis de leur chambre. On est sorti dans la rue vers 23h, à moitié en pyjama, avec une bouteille d’eau et nos passeports ». Elle décrit les familles qui se sont installés sur les trottoirs, sur la route avec des couvertures et des lits de camp.
La crainte d’une réplique majeure et d’un lourd bilan
Le gouvernement appelle les habitants à rester à l’extérieur, en cas de répliquedu séisme. « On peut s’attendre à une réplique majeure dans les heures ou dans les jours qui vont venir », prévient même le colonel Philippe Besson, président-fondateur de l’ONG Pompiers de l’Urgence internationale.
« Ce qui explique le lourd bilan, c’est l’heure du tremblement de terre » souligne, ce samedi sur franceinfo, Eric Zipper, le président de l’ONG Corps mondial de secours, « les gens ont été pris dans leurs maison, ils n’étaient pas dehors. » Pour le secouriste français, le bilan s’alourdira certainement quand l’aide arrivera dans les zones les moins praticables.
Philippe Besson s’inquiète lui aussi d’une aggravation du bilan, d’autant que les zones de l’épicentre, au sud-ouest de Marrakech, sont « des zones difficiles d’accès en zone montagneuse (…) C’est une zone rurale construite avec des maisons en pierre, en torchis qui ne sont pas du tout parasismiques. » « Les routes ont été endommagées, les ponts ont été détruits. L’accès est très difficile pour les secours marocains » ajoute le président de Pompiers de l’Urgence internationale pour qui « chaque minute compte ».
Selon le ministère marocain de l’intérieur, plus d’un tiers des morts ont été recensées à Al-Haouz, épicentre du séisme et à Taroudant plus au sud. Dans ces zones, les secouristes sont à l’œuvre, à la recherche de survivants parmi les décombres de maisons effondrées, tandis que des habitants creusent déjà des tombes sur une colline pour enterrer les victimes, a constaté l’AFP sur place.
L’armée marocaine a déployé de son côté « des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres », ainsi que des équipes de recherche, de sauvetage, et un hôpital de campagne dans la région d’Al-Haouz, selon l’agence officielle MAP.
Toujours en France, les initiatives solidaires se multiplient. Des mairies, des régions et des départements s’engagent à débloquer des fonds pour l’aide humanitaire, des associations lancent des appels, comme le Secours populaire ou la Croix Rouge et des ONG se tiennent prêtes à intervenir.
De nombreux messages de solidarité affluent du monde entier. La Turquie, l’Allemagne, l’Inde, l’Espagne, l’Italie, la Russie, les Emirats arabes unis ont adressé leurs condoléances.
Le Maroc a déjà connu des séismes meurtriers. Le 24 février 2004, un tremblement de terre de 6,3 degrés sur l’échelle de Richter avait secoué la province d’Al Hoceima, 400 km au nord-est de Rabat, faisant 628 morts. Le plus terrible s’est produit le 29 février 1960 : la ville d’Agadir avait été détruite. Plus de 12.000 personnes étaient mortes, soit un tiers de la population de la cité.
Par Blandine Costentin dans France Bleu, le 9 septembre 2023.