Le Parisien, 11 Juin 2021
Ce maître de conférences à l’université Claude-Bernard avait été arrêté en mai 2019 et emprisonné en Turquie pour «terrorisme», puis acquitté, mais les autorités refusaient de lui rendre son passeport.
Le mathématicien turc Tuna Altinel, enseignant à Lyon, est rentré ce vendredi en France après deux ans de « combat » en Turquie pour récupérer son passeport, qui lui avait été confisqué. Il a été accueilli à son arrivée à l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry sous les applaudissements de son comité de soutien, où figurait le député et mathématicien Cédric Villani, le président de l’université Lyon-I Frédéric Fleury, ainsi que Cédric Van Styvendael, le maire PS de Villeurbanne, ville qui l’a fait citoyen d’honneur.
« J’ai passé deux ans dans diverses sortes de rétention, juste parce que j’avais participé à une soirée légale, publique, sur les revendications d’un peuple, en l’occurrence du peuple kurde. C’est la raison pour laquelle le consulat de Turquie m’a dénoncé », a rappelé l’universitaire devant des journalistes. « Il y a des centaines, des milliers de Tuna Altinel qui n’ont pas de comité de soutien. Le combat n’est donc pas terminé », a-t-il ajouté.
Arrêté en mai 2019 et emprisonné en Turquie pour « terrorisme », puis acquitté, Tuna Altinel était empêché de rentrer en France à cause du refus des autorités turques, réitéré à plusieurs reprises, de lui rendre son passeport. Après des recours, ce maître de conférences à l’université Claude-Bernard à Lyon a pu récupérer fin mai son document de voyage. Mais « mon combat personnel n’est pas terminé car la décision du tribunal administratif est en appel », a précisé Tuna Altinel, qui s’attend à ce que sa « vie en France se transforme en vie d’exilé ».
in. Le Parisien avec AFP, le 11 juin 2021
En France depuis 25 ans
Pour Cédric Villani, la situation de l’universitaire, qui vit en France depuis vingt-cinq ans, est une « ironie tragique », pour un « mathématicien habitué au raisonnement clair et logique et qui se retrouve confronté à l’absurde et à l’arbitraire ». Il a dit souhaiter que le mathématicien « reprenne sa place qui est la sienne auprès de ses collègues lyonnais ».
Tuna Altinel a remercié l’université Lyon-I de l’avoir soutenu, notamment en « ne lui coupant pas » son salaire. Il a souligné « l’importance de l’université publique en France alors qu’en Turquie, le corps universitaire est en train d’être démantelé ».