L’opposant a été condamné à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l’unité de l’Etat. Cette affaire a valu à Ankara d’être condamné par la Cour européenne des droits de l’Homme.
Une peine très lourde. Le charismatique chef de file kurde déjà incarcéré, Selahattin Demirtas, a été condamné, jeudi 16 mai, à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l’unité de l’Etat, dans une affaire qui a déjà valu à Ankara d’être condamné par la Cour européenne des droits de l’Homme. Troisième force politique au Parlement turc, le Parti démocratique des peuples (HDP, devenu DEM) fait l’objet d’une répression implacable depuis 2016, année où Selahattin Demirtas a été arrêté et incarcéré.
Agé de 51 ans, Selahattin Demirtas, ancien coprésident du HDP, était jugé pour 47 chefs d’accusations, parmi lesquels celui d’atteinte à l’unité de l’Etat et à l’intégrité territoriale et d’incitation à commettre un crime, à l’occasion d’une flambée de violences en Turquie en 2014, ont rapporté les médias turcs et l’ONG MLSA. L’autre ex-coprésidente du HDP d’alors, Figen Yuksekdag, a été condamnée à trente ans et trois mois d’emprisonnement. A l’annonce du verdict, plusieurs députés du DEM ont brandi des portraits des deux dirigeants dans l’enceinte de l’Assemblée pour protester contre la décision.
« Un massacre judiciaire »
« Nous avons tous été témoins ici aujourd’hui d’un massacre judiciaire », a réagi dans un communiqué le DEM, dénonçant une « nouvelle tache sombre dans l’histoire judiciaire de la Turquie ». Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel du verdict, tandis que le gouverneur de Diyarbakir (sud-est) a décrété une interdiction de manifester de quatre jours dans la province à majorité kurde.
Dans cette procédure-fleuve, la plupart des 108 accusés ont été condamnés, mais quelques-uns ont été acquittés. L’audience à Sincan, dans la banlieue d’Ankara, s’est déroulée en l’absence des accusés en détention provisoire. Les procureurs avaient réclamé la réclusion à perpétuité à l’encontre de 36 accusés, dont Selahattin Demirtas. Une partie des avocats de la défense a quitté la salle d’audience avant la lecture du verdict pour protester contre les atteintes aux droits de la défense au cours du procès.