“Tous les moyens dont ils disposent et dont ils abusent depuis toutes ces années ne suffisent toujours pas à briser totalement la volonté des peuples de Turquie. C’est une véritable résistance que nous voyons là, pacifique, démocratique et populaire !” Alican Tayla.alican taylaDownload
Réactions à chaud au soir des élections turques, le 31 mars.
Alican Tayla
Il ne s’agit pas d’un revers électoral ordinaire pour Erdogan. Pour prendre la juste mesure de ce qui vient de se passer il ne faut pas oublier que la “campagne” électorale, comme tous les scrutins de ces dernières années, s’est déroulée dans des conditions ridicules, pas loin des pires caricatures de régimes autoritaires gardant un semblant de suffrage universel pour la forme. Contrôle quasi-total des médias et des agences d’information qui n’ont pas hésité tout au long de la campagne et encore hier soir à mentir sciemment et massivement ; contrôle du système judiciaire devenu un vulgaire outil de répression de toute opposition politique ; des dizaines de maires et d’élus locaux kurdes limogés, emprisonnés et remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement ; journalistes, universitaires, étudiants en prison par milliers ; des fonctionnaires limogés arbitrairement par centaines de milliers et alliance avec le parti d’extrême droite avec un potentiel électoral d’environ 10%… Malgré tout ça ils perdent les deux plus grandes villes du pays, les deux bastions de la montée en puissance d’Erdogan et de l’AKP et bien d’autres villes.
Oui, Erdogan est encore président avec pratiquement les pleins pouvoirs pendant quatre ans ; oui, il garde (avec ses alliés nationalistes) la majorité absolue au Parlement ; oui, l’UE et les autres “partenaires occidentaux” continuent de fermer les yeux sur toutes les violations des droits de l’Homme ; oui, les mois à venir s’annoncent encore plus tendus et sanglants maintenant que l’érosion de son pouvoir a éclaté au grand jour…
Mais il y a quand même de quoi être optimiste et c’est plus important que tout : tous les moyens dont ils disposent et dont ils abusent depuis toutes ces années ne suffisent toujours pas à briser totalement la volonté des peuples de Turquie. C’est une véritable résistance que nous voyons là, pacifique, démocratique et populaire !