La Turquie a donné vendredi son feu vert à l’entrée dans l’Otan de la Finlande, une décision ouvrant la voie à l’entrée du pays, aussitôt saluée par l’Alliance atlantique, mais un blocage subsiste sur la question de l’adhésion de la Suède. Par BFM TV du 18 mars 2023.
« Nous avons décidé d’entamer le processus d’adhésion de la Finlande à l’Otan dans notre parlement », a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan à l’issue d’une rencontre à Ankara avec son homologue finlandais Sauli Niinistö vendredi. L’annonce du président turc ouvre un peu plus la voie à l’entrée du pays nordique dans l’Alliance, 28 de ses 30 États membres ayant déjà approuvé sa candidature.
La Hongrie doit elle aussi ratifier les demandes d’adhésion finlandaise et suédoise, présentées conjointement l’an dernier à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et qui nécessitent d’être approuvées à l’unanimité. Selon le porte-parole du gouvernement, le Parlement hongrois se prononcera sur la seule adhésion finlandaise le 27 mars.
Blocage de la Turquie depuis mai 2022
La Turquie, qui a reçu vendredi son homologue finlandais, bloquait depuis mai 2022 l’entrée dans l’Alliance atlantique de la Finlande et, plus encore, de son voisin suédois, accusant Stockholm de passivité face à des « terroristes » kurdes réfugiés en Suède, réclamant des extraditions sur lesquelles le gouvernement n’a pas le dernier mot.
Si la candidature suédoise reste bloquée par Recep Tayyip Erdogan, le chef de l’État turc, qui continue de bloquer la candidature suédoise, a reconnu les « mesures concrètes » prises par Helsinki ces derniers mois.
« J’espère que (la ratification de la demande d’adhésion finlandaise) aura lieu avant les élections » en Turquie, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse avec son homologue finlandais. Le Parlement turc devrait interrompre ses travaux environ un mois avant les élections présidentielle et législatives du 14 mai.
« Nous espérons que le Parlement (turc) aura le temps », a déclaré de son côté le président finlandais, qualifiant le processus de « très important pour la Finlande ». L’annonce a également été « saluée » par le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.
La Finlande, soumise à une neutralité forcée par Moscou après sa guerre avec l’Union soviétique lors du deuxième conflit mondial, partage la plus longue frontière européenne (1.340 km) avec la Russie, derrière l’Ukraine.
La situation est plus délicate pour la Suède, qui fait toujours face aux objections d’Ankara.
Candidature de la Finlande « pas complète » sans la Suède
Pour le président finlandais, la candidature de son pays « n’est pas complète sans celle de la Suède ».
« La chose la plus importante est que la Finlande et la Suède deviennent rapidement membres à part entière de l’Otan, et non pas qu’elles adhèrent exactement en même temps », a jugé le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.
Le ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué, a qualifié de « signal important » les annonces d’Ankara et Budapest. Paris « attend » que la Turquie et la Hongrie « procèdent également sans plus tarder » à la ratification du protocole d’adhésion à l’Otan de la Suède, a-t-il poursuivi.
« Il n’y a eu aucune mesure positive prise par la Suède en ce qui concerne la liste des terroristes », a déploré vendredi Recep Tayyip Erdogan, évoquant plus de 120 demandes d’extraditions formulées par Ankara.
« Main dans la main »
Le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billström a regretté peu après que son pays attende toujours le feu vert de la Turquie, affirmant toutefois que la Suède était « préparée » à ce que la Finlande l’obtienne avant elle.
L’autodafé d’un coran par un extrémiste dans la capitale suédoise, en janvier, avait conduit à la suspension des pourparlers entre Ankara, Helsinki et Stockholm.
Le président turc avait alors laissé entendre que la Turquie était prête à ratifier séparément l’adhésion de la Finlande, alors que les deux pays souhaitaient à l’origine avancer « main dans la main ».
Mardi, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson avait ainsi reconnu que la probabilité que son voisin rejoigne l’Otan avant la Suède avait « augmenté » dernièrement, mais garde l’espoir de boucler l’entrée de son pays dans l’Alliance avant le prochain sommet de l’Otan prévu en juillet à Vilnius, en Lituanie.