Hervé Georgelin, historien spécialiste des chrétiens ottomans et professeur d’histoire vient de publier un nouveau livre sur la ville de Smyrne, Izmir, en turc. Le livre est consacré aux années de guerre de la ville – novembre 1914 – 8 septembre 1922.
La quatrième de couverture présente le sujet du livre en ces termes: « Smyrne a une place particulière dans la mémoire collective. Il est bon que des historiens se penchent sur ce passé souvent fantasmé et encore cause d’enthousiasmes nostalgiques ou, et c’est pire, de rancœurs mortifères. Inversement, la turcité d’Izmir et la conviction que septembre 1922 fut une juste libération sont bien ancrées dans le discours officiel du pays voisin. Smyrne s’est transformée d’échelle commerciale levantine sur une mer ottomane en une ville frontière lors du recul territorial ottoman entamé dès la fin du XVIIe siècle. Enjeu de convoitises diverses, la grecque et la turque nationaliste n’étant que les plus légitimes, la ville est épargnée pendant le premier conflit mondial mais à la défaite de l’Empire ottoman, alors que les structures impériales semblent devoir s’effacer, la Grèce prend pied sur le continent asiatique et des membres de l’élite ottomane forment le mouvement national pour contrer la dislocation de ce qui reste de leur État. L’expansion grecque accorde quelques années de répit à la Smyrne chrétienne. La victoire turque de septembre 1922, aidée par la Russie bolchévique, l’Italie puis la France, pour les soutiens les plus visibles, évince la Grèce qui s’est isolée sur le plan politique, diplomatique et qui n’a plus les moyens militaires pour assurer l’annexion de Smyrne. L’étude s’attache à montrer la multiplicité des étapes d’évolutions qui n’avaient rien d’inéluctables. »
Hervé Georgelin est lecteur en histoire à l’Université d’Athènes. Son parcours professionnel l’a mené de l’Institut Universitaire Européen de Florence (Jean Monnet Fellow), à l’Université de Berne (chargé de cours aux départements d’histoire et d’anthropologie), ainsi qu’au Département d’Études Grecques Modernes de Montpellier III. Il est docteur en histoire et civilisations de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris, 2002). Il a publié La fin de Smyrne (CNRS Éditions, Paris, 2005) (publié en grec chez Kedros, Athènes, 2007; et en turc chez Birzamanlar Yayıncılık, Istanbul, 2008). Il est l’auteur de nombreux articles sur la vie sociale, politique, économique et culturelle des groupes grecs-orthodoxes et arméniens de l’époque tardive ottomane. Il s’intéresse également aux sorts des populations minoritaires dans le cadre des États-nations. Il traduit de l’arménien occidental vers le français, notamment les auteurs Aram Andonian et Zavèn Bibérian, ainsi que du grec vers le français, en particulier Thrassos Kastanakis. Ses traductions ont été publiées chez Métis Presses (Genève).