Recep Tayyip Erdogan, à la tête du parti islamo-conservateur AKP, s’en prend à l’Eurovision, compétition bienveillante envers la communauté LGBT.
BFM TV, le 21 mai 2024, par Benjamin Pierret
Les fans de l’Eurovision ne sont pas près de voir la Turquie réintégrer le concours. À l’issue d’une réunion de son gouvernement, lundi 20 mai, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé dans un discours, ce concours très LGBT-friendly de corrompre les « valeurs familiales ».
« Il est devenu impossible de trouver des personnes normales à ces événements », a-t-il déclaré, qualifiant les candidats de « chevaux de Troie de la corruption sociale. »
Ces propos relayés par Associated Press suivent la victoire du représentant suisse à l’Eurovision 2024, le 11 mai dernier à Malmö en Suède: Nemo, artiste non-binaire de 24 ans, a remporté cette 68e édition du concours avec sa chanson The Code. L’interprète s’est produit en jupe et a brandi le drapeau associé à son identité de genre à plusieurs reprises au cours de la compétition.
« Nous comprenons mieux que nous avons pris la bonne décision en retirant la Turquie de cette honteuse compétition il y a 12 ans », a poursuivi Recep Tayyip Erdogan, estimant que l’Eurovision tend à « neutraliser le genre ».
Vitrine progressiste
La Turquie a intégré l’Eurovision en 1975 et s’en est retirée après l’édition de 2012. Le pays a remporté une fois le concours en 2003. « Nous n’envisageons pas de retourner dans la compétition », avait déclaré en 2018 Ibrahim Eren, ancien président de la télévision publique turque. Il s’en était alors pris à Conchita Wurst, avatar féminin du chanteur autrichien Thomas Neuwirth, qui a gagné le concours en 2014 en alliant barbe et robe du soir:
« En tant que chaîne publique, nous ne pouvons pas diffuser en direct à 9 heures du soir – quand les enfants sont encore éveillés – une personne comme cet Autrichien barbu vêtu d’une robe, qui ne croit pas aux genres et déclare qu’il est à la fois un homme et une femme », avait-il vitupéré.
Le concours de l’Eurovision, créé en 1956, revendique sa bienveillance envers la communauté LGBT, souvent représentée parmi ses candidats. Par exemple en 1998, quand la chanteuse transgenre Dana International a remporté la compétition pour Israël, ou en 2003 quand la Russie a envoyé le duo (faussement) lesbien t.A.T.u pour la représenter.