À moins de trois mois des élections municipales en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a dévoilé ce dimanche 7 janvier le nom du candidat de l’AKP pour la plus grande ville du pays, Istanbul. Il s’agit de Murat Kurum, ancien ministre et actuel député du parti présidentiel.
C’est à un technocrate que Recep Tayyip Erdogan confie la lourde tâche de reconquérir Istanbul aux municipales du 31 mars face au populaire maire sortant, Ekrem Imamoglu. « Nous ne nous arrêterons pas avant le 31 mars, continuez », a lancé ce dimanche le président lors d’un congrès de son parti islamo-conservateur, l’AKP. « Nous nous présentons devant notre nation avec des candidats qui cherchent des solutions plutôt que des excuses, qui agissent avec humilité plutôt qu’avec arrogance. »
Murat Kurum, 48 ans, a été ministre de l’Environnement et de l’Urbanisme entre 2018 et juin 2023. Il est actuellement député du parti au pouvoir pour la province d’Istanbul. Mais Kurum ne vient pas du monde politique. Avant ses fonctions ministérielles, il a occupé pendant 13 ans des postes à responsabilité au sein de TOKI, l’administration du logement social, acteur majeur des grands projets de « transformation urbaine » que porte Recep Tayyip Erdogan depuis une vingtaine d’années. Le choix d’un tel profil n’est pas anodin pour une mégapole de 20 millions d’habitants menacée par un séisme dévastateur.
Cette annonce était très attendue, car l’objectif principal du président turc est de reprendre à l’opposition la capitale économique du pays, dont il a lui-même été maire avant de diriger le pays, précise notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. La nomination de Murat Kurum confirme ce que tout le monde pressentait : le « vrai » candidat du pouvoir aux municipales d’Istanbul est Recep Tayyip Erdogan lui-même. C’est lui qui mènera la campagne pour tenter d’effacer la défaite de 2019, le plus lourd camouflet de sa longue carrière politique.
Outre la ville d’Istanbul, le Parti républicain du peuple (CHP, opposition laïque) avait cette année-là le contrôle d’Ankara, la capitale du pays, que le parti présidentiel et ses prédécesseurs islamistes contrôlaient depuis 25 ans. L’opposition avait en outre conservé Izmir, un port de la mer Égée. Ces revers électoraux dans les trois grandes villes de Turquie avaient brisé l’image d’invincibilité politique d’Erdogan et mis en lumière une insatisfaction croissante face au pouvoir.
Erdogan a néanmoins été réélu l’an dernier à la tête de l’État, lors d’un scrutin difficile, tenu dans les affres d’une crise économique marquée par un taux d’inflation annuel dépassant les 85%.