A l’occasion de la visite de Charles Michel et de Ursula Van der Leyen à Ankara, Marc Pierini ancien ambassadeur de l’UE en Turquie a répondu aux questions du Figaro. « Charles Michel et de Ursula Van der Leyen vont en Turquie avec un plateau d’argent chargé de présents,, comme les émissaires allaient au palais de Topkapi au temps de l’empire. » Pierini a donné voix à son incrédulité concernant la désescalade voulue par le chef de l’Etat turc: « Cette désescalade est surtout tactique. L’UE n’ayant rien cédé sur les frontières maritimes. Erdogan a été contraint de retirer ses bateaux. Mais aucune de ses positions de fond n’a changé. D’autant qu’il lui faut donner des gages aux nationalistes turcs. Ainsi les discussions avec la Grèce ne progressent pas. »
L’ex ambassadeur trouve que ce déplacement est un cadeau fait à Erdogan à qui il offre « une visibilité qui lui est nécessaire au moment où il durcit la répression interne. Cette faveur électorale est une erreur politique car Erdogan veut exclure la question de l’Etat de droit du dialogue avec l’Europe. Si c’était vraiment le cas ce serait un déshonneur pour l’UE »
Pierini énumère toutes les dernières fois où l’UE a « négligé » de réagir contre les décisions d’Erdogan: Il n’y avait rappelle-t-il 1.) « aucune référence aux droits de l’Homme dans le communiqué annonçant cette visite », 2.)le projet de conclusions du Conseil européen du 25 mars ne prévoyait rien là-dessus non -plus. » Il a fallu que la Turquie dénonce, les 19 et 20 mars, la Convention d’Istanbul, limoge le gouverneur de la Banque centrale, procède à l’arrestation d’un député du HDP et lance la procédure d’interdiction de ce parti pour que les Vingt-Sept se ravisent et fassent figurer un paragraphe tout à fait modeste sur l’Etat de droit en Turquie.(…)Mais comment l’Europe peut -elle abandonner les démocrates de Turquie alors même qu’elle soutient ceux de Biélorussie et de Birmanie? »