« En déplacement officiel aux États-Unis, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, s’est entretenu avec le président américain, Joe Biden, et s’est exprimé devant le Congrès. Une visite saluée par la presse conservatrice de Grèce, qui se gargarise des messages envoyés à la Turquie d’Erdogan » rapporte Courrier International du 19 mai 2022.
“Un discours politique profond, qui a touché émotionnellement et politiquement la majorité des personnes présentes.” C’est ainsi que le quotidien Ta Nea décrit l’intervention du Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, devant le Congrès américain, le 17 mai à Washington, qualifiant l’allocution d’“historique”.
Le quotidien grec estime que la prise de parole du Premier ministre “a communiqué des faits historiques et politiques à une partie des Américains, qui n’étaient probablement pas conscients des questions brûlantes qui concernent notre pays et l’ensemble de la région de la Méditerranée orientale”.
Accords militaires
Dans le viseur, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan et la politique agressive menée à l’encontre de ses voisins.
Les tensions avec Ankara agissent comme un serpent de mer pour Athènes, qui cherche constamment à renforcer ses alliances sur la scène diplomatique. Après avoir conclu un accord de défense avec la France, c’est avec les États-Unis que la Grèce a signé un accord de coopération militaire en octobre dernier.
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“L’idylle gréco-américaine est une mauvaise nouvelle pour Ankara”, estime ainsi Proto Thema :
“À l’heure où Ankara aspire à réaliser un rapprochement avec l’Occident, mais sans perturber ses relations avec Moscou, dans un rôle d’‘expert neutre’, la posture et la position claires exprimées par M. Mitsotakis à Washington n’ont pas plu du tout à Ankara. Cette visite, en particulier le discours au Congrès, a été très bien accueillie par l’élite politique de Washington.”
Le quotidien progouvernemental se réjouit de voir que “le journal turc [Hürriyet] a compté combien de fois le Premier ministre a[vait] été applaudi”par le Congrès : 37 fois en quarante-deux minutes.
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Kyriakos Mitsotakis a “demandé de façon très claire aux membres du Congrès de se dresser contre toute nouvelle demande d’équipement turc”, rapporte de son côté I Kathimerini.
Le grand journal de centre droit relève que la visite du Premier ministre grec agit de pair avec l’influence de l’importante diaspora grecque aux États-Unis.
“Elle a permis de mobiliser les membres actifs de la communauté grecque, les personnes qui savent influencer les centres de pouvoir aux États-Unis et les Gréco-Américains qui cherchaient une occasion de se sentir fiers de leur pays d’origine. Ce n’est pas rien. La diaspora grecque est une arme puissante, surtout aux États-Unis”, écrit ainsi Kathimerini.
De la périphérie au cœur de la zone euro
Le déplacement de Kyriakos Mitsotakis à Washington résonne logiquement à l’intérieur des frontières grecques.
“Les Turcs ont écouté et compris ; qu’en est-il de Syriza ?” interroge le journal Eleftheros Typos, s’en prenant ouvertement au parti d’opposition :
“La différence est qu’à Ankara ils ont entendu et compris tout ce que le Premier ministre grec a[vait] dit sur la Turquie, Chypre, etc. Tandis qu’à Syriza ils n’écoutent pas parce qu’ils ne peuvent pas gérer ce qu’ils ont entendu.”
Le quotidien progouvernemental salue avec enthousiasme la partition du Premier ministre, qui “a appelé les choses par leur nom, ramenant la Grèce de la périphérie de la zone euro à son cœur”.
Courrier International, 19 mai 2022