Un drone turc, engagé dans des frappes contre des cibles kurdes dans le nord-est de la Syrie, a été abattu jeudi par les États-Unis car il se trouvait « à moins de 500 mètres de forces américaines » et « représentait une menace potentielle », selon le Pentagone. Les deux pays sont alliés au sein de l’Otan.
Les États-Unis ont annoncé jeudi 5 octobre avoir abattu un drone turc en Syrie, estimant qu’il représentait une menace potentielle contre des forces américaines sur place, au risque d’envenimer les relations entre les deux pays alliés dans l’Otan.
Cet incident est survenu au moment où la Turquie mène des frappes contres des cibles kurdes en Syrie à la suite d’un attentat suicide à Ankara revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc), qualifié de groupe « terroriste » par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Les forces américaines ont vu des drones mener des frappes dans le nord-est de la Syrie jeudi matin, dont certaines près de Hassaké, à environ un kilomètre de troupes américaines, a déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder.
Quelques heures plus tard, un drone turc est retourné dans cette zone, volant en direction des forces américaines. « Les commandants américains ont estimé que ce drone, qui était (…) à moins de 500 mètres de forces américaines, représentait une menace potentielle et des chasseurs américains F-16 l’ont alors abattu en état de légitime défense », a-t-il déclaré.
Appel à la « désescalade dans le nord de la Syrie »
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin s’est entretenu par téléphone avec son homologue turc Yasar Güler jeudi soir, et appelé à la « désescalade dans le nord de la Syrie », selon un communiqué du Pentagone. Il a notamment insisté sur « l’importance de respecter strictement les protocoles en vigueur et la communication à travers les canaux usuels d’armée à armée », ajoute le texte.
Selon un communiqué du ministère turc de la Défense, qui ne fait pas référence à l’incident, les deux responsables ont évoqué « les derniers développements en Syrie » et « leur coordination étroite dans la région », le ministre turc affirmant que « la Turquie était prête à une lutte conjointe avec les États-Unis contre Daech », acronyme arabe du groupe État islamique (EI).
Les États-Unis déploient environ 900 militaires en Syrie dans le cadre des efforts de la communauté internationale pour combattre l’EI et mènent fréquemment des attaques ciblant les jihadistes.
La Turquie a frappé de nouveau jeudi soir des positions et objectifs kurdes, dont « des dépôts d’armes et de munitions des PKK/YPG » dans le nord de la Syrie, ont rapporté des médias turcs.
Les YPG, ou Unités de protection du peuple, sont considérées par la Turquie comme une extension du PKK. Elles se sont battues au côté des États-Unis et de la coalition occidentale contre les jihadistes du groupe EI.
Par le passé, la Turquie a abattu des avions syriens et russes, tandis que les États-Unis ont récemment accusé les forces russes de « harceler » leurs avions au-dessus de la Syrie. En juillet, Washington avait déclaré qu’un avion de combat russe avait largué des fusées éclairantes au-dessus d’un drone américain participant à une mission anti-EI, endommageant l’hélice.