Des milliers de défenseurs de la cause animale ont manifesté ce dimanche 2 juin à Istanbul pour dénoncer un projet de loi visant à réduire drastiquement la population de chiens errants, qui ne cesse d’augmenter.
Selon le gouvernement turc, les chiens errants seraient environ quatre millions dans les rues du pays. Les autorités mettent en avant des risques sanitaires et sécuritaires, mais les défenseurs des animaux s’émeuvent d’un « massacre » à venir, rapporte correspondante de RFI à Istanbul, Anne Andlauer.
Ce dimanche, une foule de milliers de personnes en colère contre la « solution » du gouvernement turc pour « régler le problème des chiens errants » est descendue dans les rues d’Istanbul. En l’état, le projet de loi prévoit de capturer les animaux par vagues successives, de les emmener dans des fourrières et, au bout d’un mois, d’euthanasier tous ceux qui n’auront pas été adoptés.
Un tel plan pourrait aboutir à la mort de centaines de milliers de chiens. Yasemin, 23 ans, se dit choquée : « Ce serait un vrai massacre ! Nos dirigeants seraient des meurtriers. Et nous, en tant que société, nous aurions un massacre sur la conscience ! L’euthanasie n’est jamais une solution », estime-t-elle. Dans le pays, les chiens et chats errants font partie intégrante du quotidien des Turcs, qui sont nombreux à prendre soin d’eux.
Une loi sur la stérilisation déjà en place
Le gouvernement défend son projet en invoquant une hausse des cas de rage et des accidents provoqués par ces animaux. La Turquie est classée « à haut risque » pour la circulation de la rage dans le pays par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cinquante-cinq décès ont été causés par des chiens, par morsure ou dans des accidents de la circulation, au cours des cinq dernières années.
Le président Recep Tayyip Erdogan a reconnu cette semaine que la Turquie avait « un problème de chiens errants qui n’existe dans aucun pays développé » et cité notamment l’augmentation des cas de rage. Il souligne que la loi actuelle – qui impose la capture des chiens par les mairies pour les stériliser, puis les relâcher – est loin d’être assez appliquée.
Selon Sebnem Ebinç, une responsable de la Fédération pour la protection des animaux, il s’agit d’un faux argument : « Si l’idée est d’organiser une capture massive des chiens, autant appliquer la loi actuelle et les stériliser tous, plutôt que de les tuer, non ? Si les autorités se retroussent les manches pour faire enfin appliquer la loi, soyez sûrs que nous, défenseurs de la cause animale, aideront à faire stériliser tous ces chiens que nous nourrissons dans nos quartiers », lance-t-elle.
Ces manifestants font valoir que l’opinion est de leur côté. Selon un sondage de l’institut Metropoll réalisé en septembre dernier, moins de 3% des Turcs seraient favorables à l’euthanasie des animaux errants.