« Le président turc Recep Tayyip Erdogan est attendu lundi aux Émirats arabes unis pour sa première visite officielle dans ce pays du Golfe depuis 2013, avec pour objectif de renforcer la coopération avec son ancien rival » dit Le Figaro.
La visite de Recep Tayyip Erdogan faite suite à celle, en novembre, du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane , dirigeant de facto des Émirats, qui avait été accueilli avec les grands honneurs à Ankara. Abou Dhabi entretenait jusqu’à récemment une grande inimitié à l’encontre du pouvoir du président turc, lui reprochant de soutenir l’islam politique et s’opposant sur différents dossiers au Moyen-Orient, notamment en Libye et dans la crise avec le Qatar.
«La visite du président turc Recep Tayyip Erdogan aux Émirats arabes unis (…) ouvre une nouvelle page et elle est en adéquation avec l’objectif des Émirats de renforcer les ponts de communication et de coopération pour la stabilité et prospérité dans la région», a tweeté dimanche le conseiller présidentiel émirati, Anwar Gargash. Lors de sa visite en Turquie, Mohammed ben Zayed avait annoncé le lancement d’un fonds de près de 9 milliards d’euros pour soutenir les investissements en Turquie.
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Assainir les relations
Les Émirats arabes unis espèrent doubler ou tripler les volumes d’échanges avec la Turquie, qu’ils considèrent comme une voie vers de nouveaux marchés grâce à son réseau logistique, selon les propos en janvier du ministre d’État au Commerce extérieur Thani al-Zeyoudi. Le volume des échanges entre les deux pays s’est élevé au premier semestre 2021 à plus de 26,4 milliards de dirhams (6,3 milliards d’euros), avec un bond de croissance de 100%, par rapport à la même période en 2020, a indiqué l’agence de presse officielle émiratie WAM.
Le total des investissements émiratis en Turquie ont atteint près de 4,4 milliards d’euros fin 2020, toujours selon WAM, tandis que les investissements turcs aux Émirats – concentrés dans la construction, l’immobilier, la finance, les assurances, l’industrie – se sont élevés à quelque 312 millions d’euros. Petit État aux grandes ambitions, les Émirats se sont lancés ces derniers mois dans des offensives diplomatiques régionales de séduction, alors que leur économie souffre des fluctuations des prix du pétrole et des conséquences de la pandémie de Covid-19.
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Abou Dhabi a normalisé en 2020 ses relations avec Israël et de multiples accords commerciaux ont été signés depuis. Ankara cherche de son côté à assainir ses relations dans la région, au moment où la Turquie traverse une crise économique majeure, avec une inflation record due à la dégringolade de la livre turque.
Le Figaro, 14 février 2022, Photo/Adem ALTAN/AFP