« Le président israélien Isaac Herzog se rend mercredi 9 mars en Turquie pour la première visite d’un chef d’État israélien à Ankara depuis 2007, avec pour ambition de réchauffer des relations bilatérales qui s’étaient tendues ces dix dernières années » dit Le Figaro.
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Isaac Herzog, dont le poste est largement honorifique, doit rencontrer son homologue Recep Tayyip Erdogan qui s’est fait ces dernières années l’ardent défenseur de la cause palestinienne, compliquant les relations avec l’État hébreu. La visite, préparée depuis des semaines, intervient alors que les deux pays ont lancé séparément une médiation entre la Russie et l’Ukraine et le conflit pourrait s’immiscer dans leur entretien. Mais les questions bilatérales vont probablement dominer la rencontre, après plus de 10 ans de froid diplomatique.
Les relations sont tendues depuis l’affaire du Mavi Marmara en 2010, lorsque des forces israéliennes ont lancé un assaut meurtrier sur un navire turc tentant d’acheminer de l’aide à la bande de Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien. Les deux pays avaient ensuite rappelé leurs ambassadeurs en 2018 après la mort de manifestants palestiniens à Gaza.
«Un nouveau chapitre»
Recep Tayyip Erdogan a récemment dit s’attendre à ce que la visite d’Isaac Herzog, avec qui il a parlé à plusieurs reprises depuis l’investiture de l’Israélien en juillet, «ouvre un nouveau chapitre» dans leurs rapports. Mi-novembre, il s’était entretenu avec son homologue israélien et le premier ministre de l’État hébreu, Naftali Bennett -le premier entretien entre un premier ministre israélien et Recep Tayyip Erdogan depuis 2013-, quelques heures après la libération et le retour dans leur pays d’un couple de touristes israéliens accusés d’espionnage et détenus en Turquie. Cet incident s’est avéré être «un tournant» car il a permis de «générer un dialogue entre les parties israélienne et turque et a créé une opportunité pour de meilleures relations», note Gallia Lindenstrauss, analyste israélienne à l’Institut des études stratégiques à Tel-Aviv.
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Selon des responsables israéliens, Isaac Herzog et Recep Tayyip Erdogan pourraient discuter de la possibilité d’exporter du gaz israélien vers l’Europe via la Turquie, une question au centre de l’actualité alors que les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe. Israël avait conclu en 2020 un accord avec Chypre et la Grèce portant sur la construction d’un gazoduc devant acheminer du gaz vers l’Europe, un projet qui avait suscité l’opposition de la Turquie. Israël, Chypre et la Grèce, trois alliés en Méditerranée orientale ayant multiplié les rencontres trilatérales ces dernières années, partagent une même animosité envers Ankara. Les trois pays participent également au Forum du gaz de la Méditerranée orientale avec d’autres pays de la région, mais qui exclut la Turquie.
Rassurer son allié grec
En janvier, le président turc a dit être prêt à coopérer avec Israël sur le projet de gazoduc, marquant la volonté d’Ankara de renouer les liens. Pour la Turquie, la frustration découlant de son exclusion des discussions sur le gaz, ainsi qu’une crise économique domestique et des rapports qui se sont récemment distendus avec Washington, poussent à vouloir reprendre contact avec Israël, décrypte Gallia Lindenstrauss. Le président israélien s’est rendu fin février à Athènes pour une visite destinée à rassurer son allié grec avant le déplacement en Turquie. «L’amélioration des relations avec la Turquie ne se fait pas aux dépens des relations très importantes avec la Grèce et Chypre», avait assuré à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, un responsable israélien.
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Pour Gallia Lindenstrauss, le réchauffement des relations entre Israël et la Turquie pourrait «se révéler être une bonne nouvelle pour la Grèce et Chypre aussi, s’il reflète plus de modération dans la politique étrangère turque». Isaac Herzog doit également rencontrer jeudi des membres de la communauté juive à Istanbul avant son retour en Israël.
Le Figaro, 9 mars 2022, Photo/Tomer Neuberg/Flash90