« Les discussions en Turquie entre les ministres des affaires étrangères russe et ukrainien doivent aborder « la question urgente de la sûreté et de la sécurité » des installations nucléaires ukrainiennes » rapporte Le Monde.
La Turquie accueille, jeudi 10 mars, les ministres des affaires étrangères russe et ukrainien pour leur premier face-à-face depuis le début de l’offensive russe en Ukraine. Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, seront reçus par leur homologue turc, Mevlüt Çavusoglu, à Antalya, station balnéaire prisée des touristes russes.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a multiplié les efforts de médiation depuis le début de la crise, a fait valoir, mercredi, que « la Turquie p[ouvai]t parler à la fois à l’Ukraine et à la Russie ». « Nous travaillons pour éviter que la crise ne se transforme en tragédie », a-t-il insisté.
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L’Ukraine et la Russie se sont accordés mercredi pour un cessez-le-feu de douze heures autour d’une série de couloirs humanitaires afin d’évacuer les civils.
Mercredi, M. Kuleba a assuré dans une vidéo sur Facebook qu’il ferait tout pour que les « pourparlers [soient] les plus efficaces possible » tout en confiant avoir des « attentes limitées ». « Je n’ai pas grand espoir mais nous ferons tout pour en retirer le maximum », a-t-il dit, précisant : « Tout dépendra des instructions que M. Lavrov aura reçues avant ces discussions. »
Antalya constitue la première sortie de M. Lavrov hors de Russie, de plus en plus isolée par les sanctions occidentales qui la visent, depuis le début de la guerre, le 24 février. Il est arrivé dans la ville balnéaire turque mercredi en début de soirée. Les pourparlers d’Antalya surviennent alors que la Russie a fait état de « progrès »dans ses discussions avec l’Ukraine.
Les deux ministres seront rejoints jeudi par le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), en vue de réunions pour « progresser sur la question urgente de la sûreté et de la sécurité » des installations nucléaires ukrainiennes, selon un tweet de Rafael Grossi.
La Turquie, membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), est une alliée de l’Ukraine, à qui elle fournit des drones de combat. Tout en veillant à maintenir ses relations avec la Russie dont dépendent étroitement son tourisme et ses approvisionnements en blé et en énergie. Avant le coup de fil prévu avec Joe Biden, M. Erdogan s’était d’ailleurs entretenu dimanche au téléphone avec le président russe, Vladimir Poutine, pour réclamer un cessez-le-feu.
Ankara s’en tient depuis le début à un délicat exercice d’équilibre entre les deux belligérants et maintient les canaux de discussion ouverts. « N’abandonner ni Kiev, ni Moscou » et « ne pas céder sur les intérêts de la Turquie », a résumé M. Erdogan aux premiers jours du conflit, tout en dénonçant une invasion « inacceptable » de l’Ukraine par la Russie. Il ne s’est, en revanche, pas joint aux sanctions occidentales, maintenant son espace aérien et les voies maritimes ouverts à la Russie.
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Maternité détruite à Marioupol
Un établissement abritant un hôpital pédiatrique et une maternité à Marioupol, port assiégé du sud-est de l’Ukraine, a été détruit mercredi par des bombardements russes, faisant dix-sept blessés confirmés parmi le personnel hospitalier, selon un premier bilan des autorités locales.
« Aujourd’hui, nous devons nous unir pour condamner ce crime de guerre de la Russie, qui reflète tout le mal que les envahisseurs ont fait à notre pays », a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans un message vidéo, appelant les leaders occidentaux à faire preuve de « courage », pour « faire enfin ce qu’ils auraient dû faire le premier jour de l’invasion. Soit fermer le ciel aérien aux missiles et bombes russes, soit nous donner des avions de chasse pour que nous puissions tout faire nous-mêmes ». Moscou affirme que des « bataillons nationalistes » ukrainiens utilisaient l’hôpital comme base de tirs.
Les neuf jours de siège russe sur le port stratégique de Marioupol ont fait 1 207 morts parmi les civils, a affirmé mercredi la mairie sur Telegram. Quelque 300 000 civils sont coincés depuis des jours par les combats dans le port stratégique de Marioupol, sur la mer d’Azov, privés d’eau, de nourriture et d’électricité, et où l’aide humanitaire n’a pas pu arriver.
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35 000 civils évacués mercredi
Après un accord entre Moscou et Kiev sur l’ouverture de corridors humanitaires dans des villes bombardées, au moins 35 000 civils ont été évacués, mercredi, de Soumy, d’Enerhodar et de zones proches de la capitale, Kiev, a annoncé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Il a dit espérer la poursuite des évacuations jeudi, avec l’ouverture de trois autres couloirs humanitaires à partir des villes de Marioupol, de Volnovakha (sud-est) et d’Izioum (est).
Mig-29 : non définitif de Washington
Les Etats-Unis ont définitivement rejeté, mercredi, la proposition de la Pologne de livrer à l’armée américaine ses avions Mig-29 pour qu’ils soient ensuite remis à l’Ukraine, jugeant l’offre de Varsovie « risquée » et susceptible de provoquer une escalade russe.
Washington ne « soutient pas le transfert d’avions de combat supplémentaires à l’armée de l’air ukrainienne à l’heure actuelle »pour l’aider à faire face à l’invasion décidée par Vladimir Poutine, a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby, à la suite d’un échange, mercredi, entre le ministre de la défense américain et son homologue polonais.
Armes chimiques : Washington accuse Moscou de « mensonges »
« Le Kremlin répand intentionnellement des mensonges purs et simples, selon lesquels les Etats-Unis et l’Ukraine mènent des activités liées à des armes chimiques et biologiques en Ukraine », a déclaré, aujourd’hui, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, dans un communiqué.
« Nous avons aussi vu que des responsables de la République populaire de Chine colportaient ces théories du complot », a-t-il ajouté. « Ce n’est pas la première fois que la Russie invente de fausses accusations contre un autre pays », a-t-il affirmé, assurant qu’elles avaient été « infirmées de manière définitive et à plusieurs reprises ».
Interrogée mardi lors d’une audition parlementaire, la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, avait affirmé que l’Ukraine disposait d’« installations de recherche biologique ». « Nous sommes de fait à présent assez inquiets par la possibilité que les forces russes tentent d’en prendre le contrôle », avait-elle ajouté, assurant travailler avec les Ukrainiens pour éviter que ces matériaux sensibles « puissent tomber aux mains » de Moscou.
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Le Monde, 10 mars 2022, Photo/Fatih AKTAS/TURKISH FOREIGN MINISTRY/AFP