Le Figaro rapporte du 17 mars 2023. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu sera samedi en Égypte pour ouvrir une nouvelle étape du rapprochement entre les deux pays après une décennie de brouille, a annoncé vendredi la diplomatie égyptienne. Après avoir reçu son homologue égyptien Sameh Choukri fin février en Turquie après le séisme qui a affecté près d’un sixième de la population turque, M. Cavusoglu lui rendra visite samedi au Caire, a annoncé le ministère des Affaires étrangères égyptien.
Cette visite sera, assure le ministère, «le coup d’envoi du retour à la normale des relations entre les deux pays», brutalement rompues depuis l’arrivée au pouvoir du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en 2013. La destitution par M. Sissi du premier président démocratiquement élu d’Égypte Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et grand allié de la Turquie, faisait alors répéter au président turc Recep Tayyip Erdogan, qu’il ne parlerait «jamais» à «quelqu’un comme» M. Sissi.
Normalisation progressive des relations
Au lendemain du séisme du 6 février qui a fait près de 48.500 morts en Turquie, les deux hommes s’étaient toutefois parlé par téléphone après avoir échangé leur toute première poignée de main en novembre à la Coupe du monde au Qatar, un autre pays avec lequel l’Égypte a récemment renoué après l’avoir accusé de proximité avec les Frères musulmans. En mai 2021, une délégation turque avait déjà visité l’Égypte pour discuter «normalisation».
Sur le plan commercial par contre, les échanges n’ont pas cessé: ils sont passés de 4,4 milliards de dollars en 2007 à 11,1 milliards de dollars en 2020, note le centre de recherche Carnegie. En 2022, Ankara a même été le premier importateur de produits égyptiens pour une valeur de quatre milliards de dollars. Mais les désaccords demeurent entre les deux capitales, Istanbul étant devenue «la capitale» des médias arabes critiques de leurs gouvernements, en particulier ceux proches de la confrérie des Frères musulmans, considérés comme «terroristes» par le Caire. Et les intérêts du Caire et d’Ankara divergent également en Libye où la Turquie a envoyé conseillers militaires et drones contre le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, soutenu notamment par l’Égypte.