Dans un reportage intitulé la Turquie, refuge de toutes les Russies Guillaume Perrier décrit dans le Point du 2 juin le refuge que constituent désormais les ports de plaisance turcs, Göçek, Yalikavak, pour les yachts des oligarques russes, notamment le Solaris et l’Éclipse de la flotte de Roman Abramovitch, le Luna de Farkhad Akhmedov, rentier azerbaïdjanais. L’immobilier de luxe aussi est un secteur vers lequel se dirigent les capitaux de milliardaires russes en quête de marchés alternatifs pour compenser ceux qui leur sont rendus inaccessibles par les sanctions européennes. Il faut savoir que « pour tout investissement immobilier de plus de 250.000 dollars la nationalité turque est offerte. »
Il n’y a pas que les proches du Kremlin, les opposants à Poutine eux aussi se réfugient en Turquie. Perrier rappelle que ce pays a « souvent été un lieu d’exil pour les élites russes tombées en disgrâce ». Le plus célèbre parmi eux, Trotski a vécu de 1929 à 1933 à Büyük Ada, la plus grande des îles des Princes, près d’Istanbul. Aujourd’hui c’est la critique littéraire Galina Youzéfovitch qui a trouvé asile à Antalya et qui se réjouit d’avoir pu « s’extraire à son pays comparable selon elle à la situation de l’Allemagne à l’époque nazie ». D’autres opposants, journalistes, intellectuels, artistes posent leur valise pour quelques temps ou y passent en transit, le temps que la fièvre belliqueuse, nationaliste se calme en Russie.
L’observatoire de la Turquie contemporaine.