Observatoire de la Turquie Contemporaine, Nilüfer Gros, image: John Thys / AFP
Le 11 Mars 2021, Le Parlement Européen a publié sa « Résolution sur le conflit syrien dix ans après le soulèvement« . Dans cette résolution le parlement fait référence à toutes les décisions précédentes et exprime ses inquiétudes quant à la situation actuelle dans la région. A propos du rôle de la Turquie la résolution évoque les violations des droits de l’homme, la violation du mandat des Nations unies pour l’occupation du nord de la Syrie et fait le point sur les réfugiés syriens accueillis par la Turquie et ceux expulsés vers la Syrie. Le Parlement Européen:
» …condamne fermement toutes les atrocités et violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international, perpétrées en particulier par le régime de Bachar Al-Assad, mais aussi par des acteurs russes, iraniens et turcs…
… demande à la Turquie de retirer ses troupes du nord de la Syrie qu’elle occupe illégalement en dehors de tout mandat des Nations unies; condamne les transferts illégaux de Syriens kurdes organisés par la Turquie depuis le nord de la Syrie occupée vers la Turquie afin qu’ils y soient détenus et poursuivis, en violation des obligations internationales de la Turquie au titre des conventions de Genève; demande instamment que tous les détenus syriens qui ont été transférés en Turquie soient immédiatement rapatriés vers les territoires occupés en Syrie; s’inquiète de ce que ces déplacements à l’initiative de la Turquie puissent donner lieu à un nettoyage ethnique à l’encontre la population kurde syrienne; souligne que l’invasion et l’occupation illégales menées par la Turquie ont mis en péril la paix en Syrie, au Proche-Orient et en Méditerranée orientale; condamne fermement l’utilisation par la Turquie de mercenaires syriens dans les conflits en Libye et dans le Haut-Karabakh, en violation du droit international; »
De plus, le Parlement Européen « salue le rôle joué par les États voisins dans la solidarité envers les réfugiés syriens au Liban, en Jordanie, en Turquie et en Iraq et pour l’aide qui leur est apportée » en même temps qu’il » déplore les projets commerciaux russes, iraniens, chinois et turcs visant à tirer profit de la destruction de la Syrie ». Il demande instamment à la Turquie de suspendre les expulsions de Syriens vers la Syrie contre leur volonté.
Par ailleurs, la Turquie préoccupe l’agenda du Conseil de l’Europe. Le 18 mars, sur Açık Radyo, un radio turc indépendante, le politologue Cengiz Aktar, a évoqué la discussion concernant Osman Kavala et Selahattin Demirtaş lors de la réunion du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, les 9,10 et 11 mars. Le comité prend acte du plan d’Action des Droits Humain annoncé par Erdoğan, invite la Turquie à informer des mesures que prend la Cour constitutionnelle à propos des cas d’asservissement et annonce que le comité investiguera la situation d’Osman Kavala jusqu’a sa libération. Cengiz Aktar explique que ces décisions révèlent l’impuissance de l’Europe face à des régimes anti-démocratique et la désespérance que cela crée au sein de ces pays.
En conclusion, la Turquie reste un point d’inquiétude et un sujet préoccupant pour l’Europe qui bien que concernée demeure hésitante dans ses prises de position.
A lire aussi Nora Seni, « Inquiétante Turquie », Politique Internationale, no. 170, hiver 2020-2021