RFI, 12 Avril 2021, Asni Abidi, image: AA
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reçu ce lundi le Premier ministre du nouveau gouvernement libyen Abdel Hamid Dbeibah. Une visite de grande envergure : 14 ministres et plusieurs hauts responsables accompagnaient le chef du gouvernement libyen. Au programme, coopération économique renforcée, notamment dans le domaine des hydrocarbures.
Lors d’une conférence de presse commune conduite en début de soirée, Recep Tayyip Erdogan a tout d’abord rappelé l’engagement de la Turquie à respecter « l’intégrité et la souveraineté du territoire libyen ». Malgré les accusations et les demandes de retrait de la communauté internationale, Ankara n’a jamais reconnu officiellement la présence de mercenaires syriens envoyés par la Turquie sur le sol libyen.
Le président turc a ensuite annoncé une série de coopérations avec la Libye. Tout d’abord militaire pour « stopper les massacres » et éviter la chute de Tripoli, ensuite sanitaire avec notamment le don de 150 000 doses de vaccins contre le Covid-19 et finalement économiques avec la promesse d’investissement massif de la part des entreprises turques. Ce dernier point est important pour le président Erdogan, rapporte notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer.
« En Libye, nous devons désormais nous concentrer sur la reconstruction, sur le développement et sur le bien-être de nos frères libyens, affirme Recep Tayyip Erdogan. La Turquie, avec sa structure institutionnelle solide et son secteur privé puissant, soutiendra tous les aspects de la reconstruction des infrastructures et superstructures libyennes. Nous nous sommes mis d’accord sur les actions à mettre en œuvre pour accélérer le retour du secteur privé turc en Libye. »
Maintien de l’accord sur les ressources en Méditerranée
Autre annonce importante, la réouverture prochaine du consulat turc à Benghazi dans l’est du pays alors que cette zone est toujours sous le contrôle du maréchal Haftar. Mais aussi le maintien de l’accord controversé sur l’exploitation des ressources maritimes, négocié en 2019 par le prédécesseur d’Abdel Hamid Dbeibah, Fayez el-Sarraj.
Recep Tayyip Erdogan a insisté sur ce point qu’Ankara a tirés de ce soutien. Cet accord de délimitation maritime lui permet de faire valoir des droits sur de vastes zones de la Méditerranée orientale.
Dans son intervention, le Premier ministre libyen a quant à lui souligné l’importance du rôle de la Turquie pour assurer un cessez-le-feu durable en Libye et assuré que les entreprises turques joueraient un rôle important dans la reconstruction du pays. Les deux dirigeants doivent participer d’ailleurs mardi à une réunion avec des chefs d’entreprises turcs.
« Peu d’États européens sont disposés à investir en Libye. La Turquie est un pays cascadeur. C’est un pays qui ose injecter des millions dans le marché libyen. Et cette ouverture au marché libyen va placer Ankara comme un État partenaire. »Asni Abidi, chercheur spécialiste de la Libye
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