La Turquie a cessé samedi d’importer du pétrole depuis la région autonome du Kurdistan irakien, après une décision d’un tribunal international en faveur du gouvernement fédéral à Bagdad, a-t-on appris auprès du ministère irakien du Pétrole. Le dossier du pétrole empoisonne depuis de longues années les relations entre les autorités de Bagdad et celles du Kurdistan d’Irak. Le Figaro rapporte du 26 mars 2023.
«La Turquie a informé les autorités du Kurdistan d’Irak de l’arrêt des importations», a déclaré à l’AFP Assem Jihad, porte-parole du ministère. L’arrêt du pompage est intervenu samedi à 12h35 (9h35 GMT) a rapporté, de son côté, le bureau irakien chargé des exportations de pétrole au port turc de Ceyhan dans un document dont l’authenticité a été confirmée par Assem Jihad. Les autorités turques n’avaient pas commenté ces affirmations dans l’immédiat.
Cette mesure intervient après que le tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale à Paris a donné raison à Bagdad dans un contentieux qui l’oppose à la Turquie sur les exportations de pétrole du Kurdistan irakien. En 2014, Bagdad avait intenté une procédure contre son voisin turc suite à l’annonce d’Ankara d’importer du pétrole depuis cette région autonome du nord de l’Irak pour l’acheminer jusqu’au port de Ceyhan.
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Des discussions en cours
Le gouvernement irakien était fermement opposé à la décision turque, estimant être le gestionnaire exclusif de ce pétrole et des revenus qui en découlent. Faisant fi de l’opposition de Bagdad, Erbil, capitale de la région autonome, s’est mis à exporter vers la Turquie. Aujourd’hui, ses exportations totales via la Turquie se montent à environ 450.000 barils par jour (bpj).
Or, selon le ministère irakien du Pétrole dans un communiqué, le tribunal arbitral siégeant à Paris a affirmé que Bagdad, «par l’intermédiaire de l’entreprise pétrolière d’État Somo, est la seule entité autorisée à gérer les exportations via le port turc de Ceyhan». Le jugement, communiqué jeudi soir à Bagdad, n’était pas disponible dans l’immédiat.
«Une équipe du gouvernement régional du Kurdistan va se rendre à Bagdad demain (dimanche) pour discuter» du sujet, a assuré sur Twitter Masrour Barzani, Premier ministre du Kurdistan d’Irak. Erbil estime que le gouvernement central cherche à faire main basse sur les richesses de ses sous-sols. Bagdad, de son côté, veut avoir son mot à dire dans l’exploitation des hydrocarbures sur la totalité du territoire irakien. Deuxième pays de l’Opep, l’Irak exporte en moyenne 3,3 millions de barils de brut par jour.